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Stéphane Le Foll : "Il ne faut jamais laisser tomber le drapeau du socialisme".

Député de la Sarthe, l’ancien ministre de l’Agriculture mise sur sa connaissance des profondeurs du PS pour remporter la bataille face à des adversaires plus jeunes. Sa proximité avec François Hollande pourrait être considérée comme un atout pour les militants légitimistes, mais aussi comme un handicap à l’heure où certains souhaitent tourner la page du quinquennat. Rencontre.

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Pourquoi avez-vous décidé d’être candidat à la présidence du Parti socialiste? 

Je suis candidat parce que, comme disait François Mitterrand, il ne faut jamais laisser tomber le drapeau du socialisme. Oui, le Parti socialiste peut mourir. Mais nos idées vivent, ce sont les flammes des esprits des femmes et des hommes pour le progrès, la solidarité, l’internationalisme, l’écologie, le refus du nationalisme, de l’enfermement et des réflexes identitaires.

Ma candidature est une candidature pour aider, pour donner aux socialistes et à ce parti l’énergie de se relever. Je n’ai pas d’autre ambition. Et je pense incarner et donner la force nécessaire au PS pour affronter les défis immenses qui se présentent. Rien ne sera possible sans une présence et une voix forte dans le débat public.

C’est aussi une candidature de fidélité. J’ai toujours été loyal, mais pas toujours d’accord avec les décisions prises pendant le dernier quinquennat dont on ne peut avoir honte et même revendiquer avec fierté les dernières conquêtes sociales, même si nous avons commis des erreurs. C’est enfin une candidature pour préparer l’avenir et préparer une nouvelle génération à reconquérir des Français que nous avons parfois déçus et n’ont pas toujours compris le cap et le sens de notre action.

Le PS est actuellement en difficulté tant sur le plan politique que sur le plan militant. Quels sont vos projets pour regagner la confiance des électeurs et des militants si vous êtes élu ? 

 La confiance est en effet essentielle, nous devons retrouver la confiance en nous, mais aussi retrouver la confiance des Français.es, de nos électeurs, que nous avons perdus. Les deux ne peuvent pas être dissociés et nous devons pour cela travailler sur notre organisation et sur notre projet.

Notre organisation est contestée, comme tous les partis, les corps intermédiaires et même la démocratie représentative. Je propose de préparer dès mon élection des Assises du socialisme qui se tiendront en septembre 2018. Puis travailler après les européennes et par des conventions largement ouvertes sur les nouvelles redistributions et les évolutions des formes de travail et de protection sociale pour combiner solidarité, économie et écologie.

Le travail de rénovation idéologique doit être conduit par les socialistes eux-mêmes, avec les intellectuels et les experts qui nous accompagnent, et ne plus être sous-traité aux think tanks. Il est indispensable d’avoir une correcte appréciation des évolutions du monde, de la financiarisation, des mutations du monde du travail et de l’économie décarbonée, ou des aspirations des citoyens à la démocratie horizontale, fluide et agile, pour proposer de bonnes réponses.

Quel avenir a pour vous le PS ? Pensez-vous qu'il regagnera un jour la place politique centrale qu’il occupait sur l’échiquier politique jusqu'à l’élection d’Emmanuel  Macron ? 

 Notre Parti est aujourd’hui totalement décrédibilisé et en danger de mort.

Mais nos idées vivent car il faut porter un espoir pour ceux à qui l’ordre du monde et des choses ne donnent plus d’espoir.

Cet espoir, il doit être concret, inscrit dans la réalité du monde tel qu’il est avec un idéal, une ambition, sans radicalité mais dans l’exercice de la démocratie et de la République. C’est pour cela que nous sommes sociaux-démocrates, issus du socialisme français de Jaurès par le dépassement de la lutte des classes pour porter toute l’humanité.

La lutte contre les inégalités, le féminisme, la liberté d’opinion, celle d’entreprendre et de produire, le maintien de notre modèle social, la démocratie, la vie associative et syndicale, l’écologie, l’engagement pour l’Europe sont le cœur battant de notre engagement et de nos valeurs. Elles sont plus que jamais actuelles, modernes, elles ne demandent qu’à être portées et défendues dans le débat public par un Parti socialiste qui fait entendre sa voix.

Quel regard portez-vous sur la politique menée par le Gouvernement d'Emmanuel Macron ?

 Le Parti socialiste est aujourd’hui clairement dans l’opposition. Sur le plan fiscal, les choses sont claires en faisant un cadeau fiscal aux plus riches avec la suppression de l’ISF. La diminution des emplois aidés, la réduction des APL ont été des erreurs alors que le reflux du chômage, grâce à notre politique, n’a pas encore porté ses fruits.

A force de vouloir incarner la verticalité de la présidence, il y a des propositions institutionnelles inquiétantes. Le recours aux ordonnances est sans précédent : 41 déposes, 20 nouvelles demandes en cours. Les 5 ordonnances « travail » ont été rédigées tellement vite qu’une 6ème a dû procéder à 300 rectifications ! Macron a évoqué dans la campagne une baisse du nombre de parlementaires. Alors que la population française a augmenté, c’est éloigner les élus des électeurs. Le Premier ministre propose maintenant de diminuer le droit d’amendement et donc les droits de parole de l’opposition. Où veut-on aller ? Estime-t-on qu’il y a trop de démocratie alors qu’il n’y en a jamais assez ? Au nom de l’efficacité, de la rapidité, on remet en cause le temps du débat, de la consultation et de la réflexion. C’est préoccupant.

De même, face à la réforme annoncée des retraites nous devrons nous mobiliser car le risque est grand de voir remis en cause les acquis sur la retraite à 60 ans que nous avons préservés et étendus aux carrières longues.

Pensez-vous que le PS jour véritablement son rôle, aujourd'hui,  de parti d’opposition ? 

 Je plaide pour une opposition résolue et intelligente au gouvernement. En tant que socialistes nous avons des désaccords profonds sur la politique actuelle du gouvernement comme la réforme de l’ISF ou la circulaire Collomb.

Et nous devrons faire entendre ces désaccords. Je pense pouvoir être capable de le faire, avec aussi nos groupes parlementaires dont je souhaite que celui de l’Assemblée nationale puisse à nouveau s’appeler socialiste.

Je veux que nous ne soyons plus les préparateurs fébriles du grand soir mais les bâtisseurs des alternances démocratiques qui font avancer toute la société et qui donne un espoir concret à ceux qui l’ont perdu.

Qu’est-ce qui différencie votre candidature de celles des autres candidats à la tête du PS ? 

La clarté : je m’appuierais sur une majorité cohérente dans le respect des minorités. Je n’ai pas cherché à faire valider ma candidature par un appareil ou une coalition hétéroclite des vieilles sensibilités qui vont des frondeurs aux anciens amis de Manuel Valls car cet assemblage n’est ni tenable ni durable. J’ai choisi de porter une ligne claire, qui rassemble (je vous invite à vous rendre sur mon site www.avecstephanelefoll.fr si vous souhaitez en lire plus).

Déjà des tensions internes apparaissent, chez d’autres candidats, notamment sur l’appréciation à porter de l’alliance du SPD avec la chancelière Merkel. Les militants attendent une vraie rénovation. Je leur propose de la construire avec eux. C’est à eux de décider.