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"Je suis candidat au tracing" : Jean Rottner, président de la région Grand Est

La région Grand-Est fortement éprouvée par la propagation de l’épidémie du Covid-19 a dû gérer dans l’urgence une situation sanitaire particulièrement grave et des pénuries de matériel sévères. Jean Rottner, médecin urgentiste de formation est le président (LR) de cette région. En première ligne, il a vécu de plein fouet cette vague qui s’est abattue subitement sur la région. Comment a-t-il mis en ordre de bataille son territoire pour y faire face ? Que pense-t-il de la gestion de la crise par le gouvernement ? Quel sera l’impact de cette épidémie sur nos comportements individuels et collectifs, une fois le déconfinement opéré ? Dans cette interview accordée à Émile, il livre son analyse sur les conséquences et les leçons à tirer de cette crise sans précédent.


Retrouvez l’interview dans son intégralité, en vidéo :


La région Grand Est a été l’une des plus touchées par l’épidémie de coronavirus et elle reste un foyer important de propagation du virus. Comment peut-on l’expliquer ? Pouvez-vous résumer les éléments qui ont mené à cette situation ?

À force de trop fixer l’Italie, on a oublié de fixer la France, et certains foyers épidémiques qui pourraient se développer. C’est, malheureusement, ce qui s’est passé. À Mulhouse, il y a eu un rassemblement évangélique de plus de 2000 personnes pendant une petite semaine fin février, ce qui a conduit à un début d’épidémie et une première admission en réanimation le 2 mars. Après, la croissance a été extrêmement concentrée… Je prends souvent cette image : nous nous sommes pris un rouleau compresseur viral en pleine figure.

Avant les autres régions, nous avons été en plan hospitalier, avant les autres, il a fallu inventer, innover, être plus agile, transformer un établissement hospitalier, qui emploie 6000 personnes, en établissement spécialisé dans la prise en charge du Covid-19. Nous avons dû faire face à ce qu’on a constaté ensuite dans tous les foyers de l’épidémie : une tension, une surchauffe, une incapacité à prendre en charge à nous seuls les patients qui se présentaient et qui nécessitaient des soins de réanimation.

(Crédits photo : Ok20, Wikicommons)

Tout cela a nécessité une organisation, qui s’est faite avec le soutien de l’État, et avec des moyens militaires. Nous avons pu constater une très belle coopération, qui a d’abord été intra-régionale, entre les centres hospitaliers, avec de nombreux transferts héliportés. Ensuite, une solidarité nationale, avec d’autres régions qui ont accepté des patients. Enfin, une solidarité internationale qui s’est manifestée par les transferts possibles en Suisse, en Allemagne, en Autriche et au Luxembourg.

Vous parlez d’innovation. Vous avez en effet dû prendre les devants : vous avez notamment lancé fin mars l’Opération Masques, prévoyant une grande mobilisation pour pouvoir fournir la région. Est-ce que le besoin de lancer une telle mobilisation montre que l’État a échoué dans sa gestion du stock de protections sanitaires ?

Tout d’abord, je ne vais pas dire que nous avions de l’avance. On a toujours eu du retard sur l’épidémie. Du retard dans notre organisation et dans notre conception même de l’approche de cette crise. J’ai, à un moment donné, dans les colonnes du Figaro, pris la décision de dire que ce que nous vivions était terrible. C’était des mots forts, alors que nous étions au moment des élections municipales, alors que la France ne s’en rendait pas compte. On voyait des images et on se disait : « oui il y a quelque chose qui se passe dans l’Est de la France, c’est un peu inédit, il faut faire attention », puis on allait se balader. Dans le même temps, on préconisait déjà de rester chez soi, c’était un peu un entre-deux.

L’homme politique que je suis, avec le devoir de protection de mes concitoyens, ce devoir d’alerte qui doit être le nôtre quand on a une voix qui porte, a été de dire : « attention, nous voyons quelque chose qui se passe chez nous et qui risque d’atteindre toute la France si on ne prend pas suffisamment les bonnes dispositions ». J’ai alerté le chef de l’État, j’ai discuté avec lui, j’étais à ce moment en lien avec les autorités sanitaires. Ma double-casquette de médecin et de président de région me faisait comprendre l’intensité de cette crise à l’échelle régionale, mais aussi le souhait qu’elle ne se propage pas plus loin dans notre pays.

J’ai constaté très vite, de par ce que je voyais, ce qu’on me disait, les témoignages qui m’étaient apportés, que nous n’étions pas prêts. Nous avions un retard chronique dans la prise en charge libérale puisque tout simplement les médecins libéraux hésitaient à aller voir leurs patients : ils n’avaient pas de masques, pas de protections, alors qu’on commençait à connaître de mieux en mieux la virulence de ce virus.

Affiche sur une pharmacie à Strasbourg, le 1er mars 2020. (Crédits : Claude Truong Ngoc/Wikicommons)

Donc, après en avoir parlé dans Le Figaro, un chef d’entreprise m’a contacté en me disant « écoute, si tu veux des masques j’en ai ». J’ai alors lancé un appel sur les réseaux sociaux et on en a récolté 1 400 000 qu’on a donné aux médecins libéraux, aux infirmières libérales, à SOS Médecins qui partait au front, qui devait faire les premiers diagnostics avant d’adresser les patients aux urgences, puisque c’était la doctrine à ce moment-là. On a commencé à les protéger, dans le Haut-Rhin, le Bas-Rhin, en Moselle et dans les Vosges, les quatre départements les plus atteints.

Puis, de là est sorti une bonification grâce au travail du Sénat et de Bruno Retailleau qui a permis aux collectivités, comme aux entreprises, de passer des commandes sans que ces commandes ne soient réquisitionnées par l’État. C’est ce que nous avons fait, le plus rapidement possible. La décision du Sénat a été prise vendredi dans la nuit. Le samedi matin, j’ai pris la décision de commander 7 millions de masques. Nous les avons distribués, répartis vers les médecins libéraux, les personnels des EHPAD et des établissements médico-sociaux.

Nous en avons gardé aujourd’hui pour préparer et accompagner les entreprises à retourner au travail sans qu’elles ne soient minées, au moins dans leur activité, par cette recherche de masques. Là on a simplement parlé des masques, mais il y a aussi la question des surblouses, des surbottes, des calots de protection, du défaut de médicaments, du défaut de respirateurs, etc. On a toujours couru après. Dans notre organisation actuelle, depuis que la date du 11 mai a été annoncée pour sortir de ce confinement rigoureux, nous avons décidé de nous  préparer, d’être en avance par rapport à l’épidémie.

De quelle manière ? Vous avez lancé de nouvelles commandes de matériel afin d’être prêts pour le 11 mai ?

On essaye surtout aujourd’hui d’anticiper les décisions qui vont être prises par le gouvernement en matière de déconfinement. Avec les annonces du Premier ministre dimanche dernier, le 19 avril, on a compris la philosophie de la sortie du confinement, qui était déjà ancrée dans le discours présidentiel. Il faut protéger, avec des mesures d’hygiènes, de distanciation sociale, de port du masque quand il y a une trop grande proximité, à la fois sur le lieu de travail et dans les transports en commun. Est-ce que ce sera obligatoire ou pas ? Je ne le pense pas, même si je milite pour le port maximal, et si possible imposé, du masque.

À côté de cela, les tests. Comme le déconfinement, ce ne sera pas la fin de l’épidémie, il faudra tester. Les tests PCR permettront de savoir si oui ou non on est porteur de la maladie. Il faudra vous isoler si le résultat est positif, soit dans votre famille ce qui veut dire que toute votre famille sera isolée, soit dans un hôtel et c’est encore tout une chaîne de responsabilité qui doit être mise en place.

Plusieurs aspects me semblent importants pour pouvoir sortir du confinement. D’abord, sécuriser : quand il faut redonner confiance à toute une population pour qu’elle retourne au travail, les tests sérologiques seront un atout, qui doit être encore validé par l’État. On pourra savoir qui a été malade, qui a une forme d’immunité ou non, et ça permettra aux chefs d’entreprises, à la médecin du travail, de mieux organiser la reprise économique, de la faciliter, de l’accélérer. J’ai pris les devants, en créant une société d’économie mixte avec la Banque des territoires et le Crédit mutuel qui permet de commander jusqu’à 3 millions de tests si cela s’avère nécessaire.

Ensuite, le tracing, qui est en train d’être discuté à l’Assemblée, me semble également important. Pour moi, entre la liberté du confinement, qui finalement ne nous apporte pas beaucoup de libertés, et la liberté de circuler avec une capacité d’anonymisation de nos données, je préfère la deuxième solution. C’est une solution responsable, citoyenne, de transition numérique, une solution de data qui nous fera progresser.

À propos du tracing, avez-vous été consulté par le gouvernement sur ces questions-là ?

Non, mais ce n’est pas parce qu’on ne me consulte pas que je ne suis pas en capacité de dire ce que je pense et d’être candidat pour ce tracing. Je suis d’autant plus candidat au niveau de la région Grand Est que l’Allemagne réfléchit au même système, et que nos régions sont frontalières avec 3 Länders. Après le soutien de l’Allemagne pour nos patients en réanimation, ce serait une belle revanche d’avoir une synchronisation de nos politiques de reprise d’activité. Ce tracing, qui est aujourd’hui testé par l’armée allemande, serait un beau projet franco-allemand qui pourrait prendre date dans un espace de coopération européen très particulier. D’ailleurs, la crise a renforcé notre coopération, notre amitié, notre capacité d’entraide. Il a également fallu qu’on renforce nos discussions vis-à-vis de situations compliquées, comme lorsque l’Allemagne ferme de manière unilatérale ses frontières, il a fallu l’expliquer aux frontaliers. Quand ils se font cracher dessus et abîmer leurs bagnoles parce qu’ils sont frontaliers et Français, ce n’est pas simple. Nous avons dû faire preuve de pédagogie politique, de calme et de sérénité, mais en tenant un discours politique fort : oui il y a une crise sanitaire, oui il faut qu’on prenne des précautions, oui on peut admettre la fermeture temporaire des frontières, mais non, on ne peut pas tolérer ces comportements populistes de rejet des uns et des autres sous couvert d’une épidémie quelle qu’elle soit.

C’est aussi un message à faire passer, l’Europe se construit dans ces moments de crise. Le tracing franco-allemand, pourrait donc être le début d’une coopération et d’une réponse à la relocalisation dont tout le monde parle. La relocalisation elle commence aujourd’hui, on ne va pas attendre cette solution qui se ferait en collaboration avec Google et Apple : n’attendons pas, n’hésitons pas. Le combat pour se relever de cette crise débute dès aujourd’hui. Le tracing, c’est certes une solution à laquelle les Français ne sont peut-être pas habitués, mais dans le contexte que nous connaissons actuellement, je suis pour. Dans la région Grand Est, on ne peut pas mettre en place, de part et d’autre de la frontière, des systèmes de déconfinement qui ne sont pas cohérents. C’est pour cela qu’au cours de cette semaine, il y a différents contacts entre les pays pour essayer de synchroniser, entre le 4 et le 11 mai, la réouverture des activités dans nos différents pays.

Pensez-vous que votre gestion de crise a été influencée par votre profession de médecin-urgentiste ?

Probablement, j’ai une sensibilité médicale et donc il y a forcément une appétence à se saisir de ce genre de sujet. Mais regardez Valérie Pécresse, elle n’est pas médecin et pleinement dans la crise, Laurent Wauquiez aussi  à sa manière… J’ai sûrement eu la malchance d’avoir été le premier touché aussi fortement. Avec les autres présidents de région, on échange toutes les semaines sur ce sujet, on avance ensemble, on essaye de trouver des solutions. On n’est pas en compétition avec l’État, je n’y crois absolument pas. Ce n’est pas l’occasion de demander plus de décentralisation : gérons déjà la crise ; les débats entre girondins et jacobins ce sera pour un autre moment.

Il existe une forme de complémentarité entre l’État et les collectivités territoriales, il faut travailler en commun et gagner en efficacité. On l’a vu, on connaît le territoire, on est en capacité d’organiser des réseaux que même une ARS n’a pas ; on nous demande même parfois de venir en renfort. La complémentarité État-collectivités territoriales, quand elle veut fonctionner et qu’elle a bien été comprise par Paris, elle est efficace. Ni l’État central ni les collectivités ne sont l’Alpha et l’Oméga, et je pense que lorsque nous arrivons à travailler ensemble les uns les autres, il peut s’en dégager une vraie efficacité.

Dans vos différentes interventions médiatiques, vous sembliez assez remonté contre les ARS qui ont agi, selon vous, davantage comme des agences budgétaires. Cette crise va-t-elle amener à une refonte totale de ces agences ? Pensez-vous que le gouvernement a eu raison de limoger le directeur de l’ARS du Grand-Est qui déclarait vouloir poursuivre le plan de restructuration du CHRU de Nancy ?

Concernant la deuxième question, je n’ai pas l’habitude de tirer sur une ambulance, mais vous trouverez des éléments de réponse dans ma réponse au premier point que vous soulevez. Ces dernières années, les différents gouvernements qui se sont succédés – avec des histoires et des sensibilités politiques différentes – on eu pour objectif de diminuer nos frais de santé et les déficits hospitaliers. C’était la mission des ARS. Au début, en 2008 je crois, c’était Roselyne Bachelot qui a monté ces structures pour fusionner en région sept services différents qui travaillaient les uns avec les autres. L’idée de départ était plutôt pas mal, sauf qu’on a créé à la même époque des postes de préfets sanitaires, alors qu’initialement c’étaient les préfets qui avaient une forme d’autorité sur ce sujet-là. Aujourd’hui, on a des préfets qui nous disent « sur ce sujet-là, ce n’est pas moi c’est l’ARS », ce qui complexifie le système.

Ensuite, les ARS ne sont pas des agences de gestion de crise. On s’en rend compte maintenant puisque c’est la première crise sanitaire majeure que nous vivons depuis 2003 et la canicule. Les collaborateurs du directeur régional de l’ARS sont – dans leur profession, dans leurs objectifs et dans leur savoir-faire – orientés vers des objectifs budgétaires de gestion quotidienne du système de santé en France. Dans l’équipe, il n’y a pas d’épidémiologistes de crises, de logisticiens de crises. Du jour au lendemain, ils doivent donc gérer des sujets qu’ils ne maîtrisent pas forcément. Si ces crises viennent à se répéter, il faut développer dans notre pays une organisation sanitaire de crise qui soit en capacité de se mobiliser beaucoup plus rapidement. Mon poste de président de région et de médecin me font dire que l’ARS devrait s’occuper uniquement de la gestion budgétaire et que la gestion de crise devrait être laissée à quelqu’un d’autre. Elle ne peut pas faire les deux.

Jean Rottner préconise le port du masque dans les lieux publics. (Mullhouse, 6 avril 2020 / Crédits : NeydtStock, Shutterstock)

Vous avez déclaré, dans une de vos interviews, que nous allons entrer « dans une nouvelle ère qui va nous contraindre à changer durablement nos comportements ». Selon vous, quel impact aura cette crise sur nos comportements individuels et collectifs une fois le déconfinement opéré ?

Dimanche dernier, le Premier ministre n’a pas parlé de déconfinement mais de confinement qui se desserre petit à petit. À l’avenir, je pense que la distanciation sociale va se poursuivre, que le port du masque va devenir évident dans certains lieux, que l’organisation de nos entreprises va se faire de manière différente, que les grands rassemblements vont devoir être pensés de manière différente. Il y a tellement d’incertitudes sur la fin de la crise sanitaire que l’on ne va plus pouvoir se comporter comme avant, c’est impossible.

On est également qu’au début d’une crise économique extrêmement sévère. J’estime qu’il faudra entre 24 et 48 mois pour se relever. La situation est très compliquée, ne serait-ce que pour les collectivités : en deux mois j’ai perdu 70 millions  de recettes. C’est énorme si je fais le compte, l’année prochaine je perds la moitié des investissements possibles, en passant de 900 à 450 millions. Sur un territoire comme le notre qui a besoin aujourd’hui d’une relance industrielle, d’un soutien à l’agriculture, d’une vraie politique de transport ferrés, d’une politique transfrontalière complètement assumée, c’est énorme. Il va falloir que l’on développe avec le gouvernement une stratégie. Et le gouvernement seul ne pourra pas proposer un plan de relance unique en France, il faut qu’il soit adapté à chaque région.

En parlant d’économie, Emmanuel Macron semble vouloir proposer un plan de relance fondé sur un nouveau pacte social. Vous-même avez déclaré dans une interview au Point : « Je me dis qu'une redistribution plus juste des richesses, sans verser dans le kolkhoze ni ressusciter Chaban, peut être le déterminant, le marqueur fort, d'un nouveau modèle de société ». Cela peut paraître étonnant venant d’un homme politique de droite… Quelles sont vos propositions en ce sens ?

Pascal Perrineau a récemment publié un papier dans Le Figaro sur la colère des Français, où il démontre parfaitement qu’après la Gilets Jaunes, les grèves liées au projet de retraite, et la sidération première liée à cette crise, une colère extrêmement forte est présente chez de nombreux Français. Je la vois, des témoignages extrêmement forts me sont adressés. Dimanche matin, j’ai par exemple reçu sur ma messagerie Facebook un message extrêmement touchant d’un homme de 44 ans, qui a bac +4 et qui est caissier. Il m’explique qu’il a dû vendre sa voiture et acheter un vélo, car il n’avait plus les moyens de l’entretenir. Il m’explique un peu sa vie, sans rancœur, en faisant référence justement à ce message que j’ai distillé dans Le Point : Oui, je pense qu’on peut être de droite et parler de justice sociale. Oui, on peut être de droite et se dire qu’aujourd’hui la distribution des richesses peut se faire autrement. Oui, on peut être de droite et impulser une action de terrain face aux plus fragiles.

Pourquoi cela n’appartiendrait qu’aux gens de gauche, d’extrême-gauche ou à un discours populiste d’extrême-droite ? Non, on peut être de droite et avoir une conscience aiguë des autres, de son action politique, de la nécessité d’être dans un dialogue social permanent, au sein de nos collectivités de nos entreprises. Pourquoi pas aussi organiser une conférence sociale, avec les organisations syndicales, les organisations patronales, nos partenaires sociaux. Se poser ensemble la question de savoir si un nouveau pacte social, à l’échelle d’une région, ne pourrait pas être un atout. Je pense que ça peut l’être parce qu’aujourd’hui, les chefs d’entreprise qui cherchent à s’installer, le font avec une responsabilité environnementale et une responsabilité sociale au sein de leur entreprise.

Dans une région comme la nôtre, à la fois tourmentée par son histoire car elle a beaucoup souffert, et à la croisée des chemins de l’Europe (on dit chez nous que l’Europe s’invente dans le Grand-Est), je me mets à penser qu’il y a peut-être une troisième voie, à travers l’industrie, avec des projets non délocalisables.

Votre question montre que j’ai eu raison d’en parler, de lancer le débat, puisque cela amène à se demander : est-ce que la droite a le droit de parler comme ça ? Je le revendique. Je revendique que la droite doit profondément se renouveler. Pour notre pays, il y a aujourd’hui la nécessité de ne pas rester sclérosé sur des concepts économiques, notamment de justice sociale, dépassés. Oui, il y aura toujours des patrons, il y aura toujours des salariés, il y aura toujours des syndicats. Mais, je prie, et j’appelle de mes vœux, que ces trois partenaires puissent à un moment donné évoluer et apporter un équilibre territorial différent.