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Afrique : contribuer au développement via le désenclavement numérique des zones rurales

Études, ingénierie et construction d’infrastructures en Côte d’Ivoire et en Afrique. La société Rakall est une référence dans les télécommunications. Entretien avec son fondateur, Jean-Marie Akepo (promo 04), qui, après plus de 20 ans de carrière à l’international, s’est installé en Côte d’Ivoire, où il est né, en 1970. Son leitmotiv : contribuer au développement de son pays d’origine.


CV Express

  • 1986 Major du concours général de mathématiques, ce qui lui permet d’obtenir une bourse d’études au Canada.

  • 1989 Obtention du baccalauréat international Mathématiques et sciences physiques au Canada.

  • 1997 Obtention du diplôme d’ingénieur civil des télécommunications, ENST Bretagne, en France.

  • 2004 Diplômé du MBA de Sciences Po Paris.

  • 2018 Création de Rakall, à Abidjan.


Pourquoi avoir intégré, en 2003, alors que vous travailliez en tant qu’ingénieur depuis plusieurs années, le MBA de Sciences Po ?

Après avoir acquis un savoir-faire technique dans les télécommunications, j’ai voulu élargir mes compétences managériales et économiques. Je souhaitais orienter ma carrière vers des projets de développement dans les pays émergents. J’ai donc choisi de suivre un MBA à Sciences Po, qui inscrit l’entreprise dans son environnement géopolitique global. La Banque mondiale, la Banque africaine de développement, les institutions multilatérales de développement et les multinationales étant très présentes en Afrique dans le développement des projets, Sciences Po m’a donné les outils pour appréhender ces enjeux bien spécifiques.

Vous avez ensuite travaillé plusieurs années dans le conseil avant de retourner en Côte d’Ivoire. Pourquoi ?

Je voulais contribuer au développement de l’Afrique avec mes compétences. Je suis basé à Abidjan depuis une dizaine d’années, je mène mes activités d’entrepreneur dans la région ouest-africaine, dans les télécommunications et les nouvelles technologies. Il s’agit de pays encore relativement jeunes dans ces domaines, les infrastructures restent à construire et il est nécessaire d’innover pour apporter des solutions de financement. Ce qui m’a vraiment motivé, c’est de contribuer très concrètement au développement de la Côte d’Ivoire et, plus largement, des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Concrètement, comment Rakall participe-t-elle au désenclavement numérique des zones rurales ?

Si les infrastructures numériques sont développées dans les grandes villes, dans les zones rurales, ce n’est pas le cas. Les opérateurs privés n’y sont pas présents, car les investissements sont très importants et les retours sur investissements, relativement faibles. Ces populations contribuent largement au PIB, pourtant, elles ne sont pas connectées. Rakall a développé un savoir-faire complet dans la modélisation, la conception, le contrôle et le pilotage de grands projets d’infrastructures de télécommunications. Nos principaux clients sont les régulateurs du secteur du numérique, les États, les institutions multilatérales de financement, mais aussi les acteurs du secteur privé. Dans les projets sur lesquels nous travaillons, nous mettons en œuvre l’approche de la Banque mondiale, dite MFD, soit la maximisation des financements pour le développement. Nous rendons ce modèle opérationnel sur le terrain dans le rôle d’assistant à maîtrise d’ouvrage ou de maîtrise d’œuvre que nous confient les États.

Rakall construit aussi des infrastructures ?

Oui, nous intervenons également dans la construction et la maintenance d’infrastructures : fibre optique, data centers, sites radioélectriques, réseaux critiques... Et nous avons également développé un troisième pôle d’activité : le développement et l’exploitation de plateformes numériques.

De quoi s’agit-il ?

Nous créons des applications pour que les populations disposent de solutions numériques, locales et adaptées à leurs problématiques. Nous avons par exemple développé une plateforme de digitalisation de la distribution du gaz butane permettant de réunir, autour d’un même système, tous les acteurs de la chaîne pour une meilleure traçabilité des opérations. Nous avons aussi créé une plateforme pour faciliter les paiements lors de l’achat des produits agricoles dans les zones rurales. Nos ingénieurs travaillent actuellement sur d’autres applications, que nous mettrons bientôt sur le marché. 

Pouvez-vous dire que vous êtes fier de ce que vous faites en Côte d’Ivoire ?

J’ai encore beaucoup de choses à réaliser, donc je ne peux pas encore parler de l’aboutissement d’une carrière, mais lorsque l’on quitte son pays des années durant, qu’on y revient avec des compétences pour participer à des projets de cette envergure, il y a effectivement une forme de satisfaction, même si beaucoup reste à faire.

Ce publi-reportage a initialement été publié dans le numéro 25 d’Émile, paru en juin 2022.