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Encourager la prise de risques : l'ASTP accompagne les théâtres privés

Diplômée de Sciences Po (promo 02) et de l’ESSEC, Anne-Claire Gourbier a notamment passé plus de huit ans au sein du ministère de la Culture. Depuis 2021, elle est à la tête de l’Association pour le soutien du théâtre privé (ASTP) en tant que déléguée générale. Dialogue autour des enjeux du secteur.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’ASTP et quel est son rôle ?

Anne-Claire Gourbier, déléguée générale de l’ASTP (promo 02). (Crédit : D.R.)

Association loi de 1901 créée en 1964, l’ASTP accompagne économiquement la filière du spectacle vivant théâtral privé dans la création, la programmation, la production et la diffusion de ses œuvres sur l’ensemble du territoire national. Bien qu’organisme de droit privé, elle assume une mission de service public pour financer ses actions : elle perçoit à ce titre la taxe sur la billetterie des spectacles dramatiques (3,5 % sur le montant du billet hors taxes) dès lors que le producteur ou le diffuseur du spectacle est une entreprise non subventionnée. Son rôle d’organisme d’intérêt général est de gérer cette taxe et de la redistribuer au sein de la filière théâtrale privée afin de soutenir la prise de risques des producteurs dans la création d’une programmation diversifiée et largement diffusée auprès du public.

« Théâtre privé » en comparaison du théâtre « subventionné », pouvez-vous nous en dire plus sur la distinction à établir ?

En 1964, l’ASTP a été conçue comme une sorte de contrepoids par les théâtres producteurs privés, avec la Ville de Paris et l’État, à un moment-clé où a été déployée la politique de décentralisation théâtrale, qui a donné naissance au réseau de théâtres subventionnés en France.

L’association vise à préserver la contribution essentielle du théâtre privé dans la création française. Créer et produire des œuvres sans disposer de subventions publiques directes représente une prise de risques économiques importante. Un théâtre privé doit en effet, sur ses propres recettes, couvrir à la fois les coûts de son fonctionnement et les coûts de production d’une œuvre sur sa scène.

C’est là que l’ASTP intervient : nous lui allouons une garantie, sous forme d’avance remboursable, qui va lui permettre d’engager les dépenses nécessaires pour produire un spectacle. Une fois que le spectacle a été présenté, et si celui-ci a eu du succès, le théâtre rembourse à l’ASTP l’intégralité du soutien qui lui a été initialement alloué. Si à l’inverse, l’exploitation du spectacle n’a pas atteint les résultats escomptés, l’ASTP couvre une partie du déficit constaté. Ce système de soutien est également décliné à l’attention des entrepreneurs – producteurs de spectacles de théâtre ayant adhéré à l’ASTP.

Quel rôle a joué l’ASTP dans la gestion de la crise sanitaire ?

La mission de l’ASTP s’est vu élargie avec la crise sanitaire. Depuis 2020, les pouvoirs publics ont délégué la gestion des aides d’urgence – Fonds d’urgence (FUSV), de compensation annulation (FCA) et de compensation billetterie (FCB) – à l’association, qui a ainsi pu démontrer toute son utilité dans ce contexte difficile. Elle a, à ce titre, soutenu l’ensemble de la filière et travaillé main dans la main avec les partenaires sociaux et le ministère de la Culture pour aider environ 200 théâtres privés (producteurs et/ou diffuseurs), 180 entrepreneurs de spectacles, une vingtaine de cirques traditionnels et environ 1 000 compagnies subventionnées à hauteur de moins de 15 000 euros par an. Près de 44 millions d’euros, délégués par l’État à l’ASTP, ont ainsi été distribués à l’ensemble de ces acteurs durant cette période. La gestion par l’association de ces fonds exceptionnels a été d’ailleurs saluée par la Cour des comptes.

Quelles sont les orientations stratégiques prises par l’ASTP pour les mois et années à venir ?

Un grand pas a été fait en février 2023, avec l’adoption de la réforme et de l’ouverture nationale de nos dispositifs de soutien économique, afin qu’ils bénéficient aux théâtres privés producteurs implantés sur l’ensemble du territoire. Ceci est notable, car cette décision prend acte du fait que la filière de la production privée est bien nationale et participe pleinement au maillage culturel du territoire. Nous allons donc, au cours des prochains mois, ouvrir nos dispositifs d’adhésion et de soutien à de nouveaux adhérents producteurs de spectacles dramatiques, théâtres privés ou entrepreneurs de spectacles, afin de les rendre accessibles partout en France.

Nous avons également pour perspective d’accompagner la transition numérique de la filière, car les enjeux sur ce point sont multiples. Nous travaillons sur un service de mutualisation des données clients pour optimiser l’impact des campagnes de communication des théâtres privés. Nous souhaitons également améliorer la visibilité du site web TPA.fr (Théâtres et producteurs associés), plateforme de promotion de la programmation de nos théâtres, afin d’attirer un public toujours plus grand dans nos salles.

Nous avons aussi un rôle à jouer dans l’accompagnement vers la transition environnementale. C’est pourquoi nous réfléchissons à améliorer le bilan énergétique des théâtres ou encore à la manière de réutiliser et de revaloriser les décors et accessoires. Enfin, nous développons une politique active en matière d’observation et d’études afin d’objectiver les contours de notre filière, de ses acteurs et spécificités, pour une meilleure connaissance de ses enjeux d’avenir. 

Publi-reportage initialement publié dans le numéro 28 d’Émile, paru en février 2023.


Les chiffres clés de l’ASTP

  • 96 adhérents en 2023 : 71 théâtres producteurs et 25 entreprises de tournées.

  • 6,99 millions d’euros de billets vendus et 7,7 millions d’euros de taxe perçue sur la billetterie des spectacles de théâtre en 2022.

  • Un soutien économique de 6,8 millions d’euros via les dispositifs de l’ASTP

  • La plateforme web TPA.fr a totalisé 3 millions de visites uniques en 2022.