En Italie, ces Sciences Po tournés vers le monde

En Italie, ces Sciences Po tournés vers le monde

Notre communauté est riche de parcours variés, engagés et inspirants. Dans le cadre de son dossier sur l’Italie paru dans le numéro 26, Émile a dressé le portrait de quatre Alumni qui, par leur engagement, font rayonner le pays à travers l’Europe et le monde entier, dans les secteurs des arts, de la finance ou encore de la diplomatie.

Par Ismaël Elbou, Maïna Marjany, Camilla Pagani et Driss Rejichi 

Riccardo Sessa, représentant de l’Italie dans le monde 

Ricardo Sessa (Crédits : D.R.)

Éminent diplomate à la retraite, Riccardo Sessa est sans conteste l’une des grandes figures de la communauté des Sciences Po en Italie. Son histoire avec la rue Saint-Guillaume débute dans les années 1960. Le jeune Italien vient alors y étudier le droit et les relations internationales après avoir terminé ses études secondaires à Paris. Il vit pleinement son expérience estudiantine en s’engageant dans plusieurs associations et occupe notamment les fonctions de président du Club franco-italien de l’Université de Paris et de vice-président de l’Association des étudiants en Sciences Politiques (Anesp). Lors des inondations de la ville de Florence, en 1966, il se mobilise avec d’autres camarades pour envoyer une aide matérielle sur place, en organisant le célèbre Bal de solidarité à la Fondation de Rothschild. Riccardo Sessa poursuit ses études en Italie, à l’Université La Sapienza de Rome, d’où il sort diplômé en droit. Il débute ensuite sa carrière diplomatique en 1973, occupe différents postes en Italie et à l’étranger avant d’être nommé ambassadeur pour la première fois en 1997 : il est envoyé à Belgrade, en pleine guerre du Kosovo. En 2000, il devient ambassadeur d’Italie en Iran avant de retourner à Rome, en 2003, en tant que directeur général pour la Méditerranée et le Moyen-Orient, ce qui implique la coordination des activités italiennes pour la reconstruction en Irak. En 2006, il est nommé ambassadeur en Chine, puis représentant permanent de l’Italie à l’OTAN (2010-2013), dernier poste avant son départ à la retraite. Il a par la suite été désigné, en 2014, président de la Société italienne pour le tunnel du Mont-Blanc (SITMB) et vice-président de la Société italienne pour l’organisation internationale (SIOI).


Francesco Rocchetti, spécialiste des relations internationales

Francesco Rocchetti (Crédits : ISPI)

Installé à Milan, Francesco Rocchetti a les yeux rivés sur le reste du monde. Il est aujourd’hui le secrétaire général de l’Italian Institute for International Political Studies (ISPI), un think tank indépendant d’études internationales. Il a été diplômé du master International Public Management à Sciences Po en 2015, après avoir obtenu un Bachelor en études internationales et institutions européennes à l’Université de Milan. Celui qui était venu rue Saint-Guillaume pour « étudier le monde dans toute sa complexité » a gardé de ce passage parisien une « conception européenne de la politique internationale et la nécessité d’avoir une vision indépendante, fondée sur les faits et les études ». Francesco Rocchetti débute sa carrière comme consultant dans le domaine des politiques publiques à l’OCDE, puis analyste du commerce international au Parlement européen. Il garde également « un attachement profond à Sciences Po » et y reviendra en tant qu’assistant de recherche au Centre d’études et de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, puis professeur assistant. Il rejoint l’ISPI, en 2017, comme responsable de la communication avant d’en devenir le secrétaire général, en 2020. « Mon travail est de coordonner les initiatives qu’on lance dans le milieu de la recherche, des événements et de l’éducation, explique-t-il. Il s’agit de continuer à innover tout en respectant la mission qui, depuis 90 ans, caractérise l’ISPI : garder une fenêtre ouverte sur le monde entier. »


Alessandra Necci, la littérature pour tisser des liens 

Alessandra Necci reçoit la Légion d’honneur au Palais Farnèse, à Rome, le 18 mai 2022. (Crédits : D.R.)

Depuis plus de 10 ans, Alessandra Necci utilise ses talents de biographe pour faire découvrir ou redécouvrir aux Italiens les grandes figures historiques du Vieux continent. Aujourd’hui auteure plébiscitée, elle a toujours cultivé un certain éclectisme. Fille du haut fonctionnaire Lorenzo Necci, diplômée en droit commercial de La Sapienza, elle obtient, en 1992, un certificat d’études politiques à Sciences Po. Ce passage à Paris sera l’occasion pour elle de renforcer ses liens avec la France, en rejoignant le comité de soutien à la campagne d’Edouard Balladur, en 1995, puis en travaillant chez Alcatel, à partir de 1997, au département des relations institutionnelles et internationales. De retour en Italie, Alessandra Necci passe l’examen du barreau et devient avocate, en 1999. 

Dans les années 2000, elle s’engage en politique en se présentant aux élections européennes de 2004, puis aux élections générales de 2006 avec l’Union de centre (UDC). Conseillère du président du Sénat italien de 2008 à 2013, elle publie en parallèle sa première biographie sur Napoléon II, Il prigioniero degli Asburgo (Marsilio, 2011). Elle enchaîne par la suite les livres à succès sur les grandes figures de l’histoire française et italienne, de Louis XIV à Catherine de Médicis en passant par Napoléon Bonaparte. Dans son dernier ouvrage publié en juin, La Regina e l’imperatrice (Marsilio, 2022), Alessandra Necci se penche sur la relation entre Marie-Thérèse d’Autriche et sa fille Marie-Antoinette, pour le plus grand bonheur des lecteurs italiens. En vue de son investissement dans la promotion de la relation bilatérale entre la France et l’Italie, elle a reçu, en mai 2022, la Légion d’honneur des mains de l’ambassadeur français Christian Masset. 


Dominique Jones, la polyglotte du secteur bancaire

Dominique Jones (Crédits : Antoine Doyen)

Elle semblait taillée pour une carrière à l’international. Quand cette Franco-britannique polyglotte – elle parle français, anglais, allemand et italien – entre à Sciences Po, elle a déjà la ferme volonté de travailler à l’étranger. Intéressée tant par l’histoire que par « le financement de l’entreprise et les finances publiques », c’est finalement le secteur bancaire qui lui permettra de mettre à profit ses compétences linguistiques. Sortie diplômée de la section « Éco-Fi » en 1978, Dominique Jones a commencé sa carrière en tant qu’auditrice interne chez Andersen (ex-Arthur Andersen), puis la Chase Manhattan Bank. En 1983, elle rejoint BNP Paribas, où elle gravira progressivement les échelons, à Paris puis à Londres.

À la naissance de ses jumeaux, elle met sur pause sa carrière professionnelle. « Je ne trouvais personne pour s’occuper de mes quatre enfants en bas âge, précise-t-elle. J’en parle ouvertement, car je trouve important de faire passer le message qu’on peut combiner carrière et famille, même en s’arrêtant plusieurs années, d’ailleurs je le note sur mon CV et mon LinkedIn ». Pendant ses années de « mère au foyer » (1989-1996), elle donne des cours de français et d’anglais. Puis elle réintègre BNP Paribas à Londres, où elle doit à nouveau « faire ses preuves ». Après une escale luxembourgeoise, de 2007 à 2010, au sein de Navilux, elle intègre BNP Paribas Real Estate et occupe différents postes de direction à Paris. Depuis janvier 2020, elle est directrice générale de la BNP Paribas REIM Italy à Milan, où elle s’occupe de la gestion d’actifs immobiliers. « J’ai accepté de partir à Milan, car il y avait un dernier défi à relever en fin de carrière : transformer l’investment management en Italie », explique-t-elle à Émile.

Cette série de portraits a été initialement publiée dans le numéro 26 d’Émile, paru en octobre 2022.



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