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Covid-19 Africa Tech : les Sciences Po se mobilisent pour l'Afrique !

Face à la pandémie de Covid-19, des étudiants et alumni de Sciences Po ont lancé une initiative originale pour aider et encourager la lutte du continent africain contre le virus. En mars dernier, ils ont créé l'association Covid-19 Africa Tech afin d'apporter des solutions concrètes dans les différents pays touchés par la crise sanitaire. Quel est le bilan de leur action ? Comment l'Afrique résiste-t-elle au virus ? Quels sont les pays les plus touchés ? Les fondateurs de l'association répondent aux questions d'Émile.

Propos recueillis par Maïna Marjany et Magalie Danican

Prise de parole lors de la conférence “All Africa digital economy moonshot”. Crédits : Covid19 Africa / La population prend des précautions contre le Covid-19, Mali, le 2 avril 2020. Crédits : Banque mondiale / Sambrian Mbaabu 

Qui sont les fondateurs de Covid19 Africa Tech ? Comment l’idée d’une telle association vous est-elle venue ? 

Covid19africa.tech est un site mais aussi une association qui a été créée dans l’urgence de la crise sanitaire. Au départ, l’association est le fruit d’une réflexion purement “Sciences Po”, menée par des alumni et étudiants africains répartis dans les différents Masters autour de la meilleure manière d’aider le continent africain à faire face à la pandémie.

Il faut savoir que de nombreuses universités en médecine et écoles d’ingénieurs se sont très rapidement mobilisées pour apporter une réponse sanitaire ou technique à la crise en Afrique. De notre côté, nous avons décidé de mobiliser les atouts de la formation Sciences Po pour travailler sur les politiques de riposte, notamment les stratégies de gestion des conséquences économiques d’une crise inédite pour le continent.

Les profils de l’association se sont ensuite diversifiés géographiquement et professionnellement pour intégrer des étudiants d’autres universités mais aussi des professionnels, tous unis par leur volonté de lutter contre les effets socioéconomiques du coronavirus en Afrique et de mobiliser les ressources locales. Ces efforts, nous les partageons via notre site : covid19africa.tech. 

Quelles actions menez-vous ?

Nous travaillons sur l’ensemble du continent africain. Très tôt, nous avons vulgarisé des techniques de fabrication de masques en nous fondant sur les résultats du « modèle tchèque » de gestion de la pandémie. À titre d’exemple, nous avons fait jouer les relations entre alumni de Sciences Po pour mettre en relation une alumni camerounaise, qui souhaitait reconvertir son entreprise dans la fabrication de masques, avec un collectif d’acteurs réunionnais qui a développé des techniques de fabrications de masques et visières « low cost », tout en répondant aux meilleurs standards qualités.

Nous avons ensuite diversifié nos activités vers la riposte économique au coronavirus. Aujourd’hui, nous travaillons sur la qualité des politiques de riposte économique et organisons des webinars regroupant entrepreneurs et spécialistes du secteur privé africain et diffusées sur www.covid19africa.tech. Ces web conférences nous ont permis de découvrir l’impact sans précédent de cette crise pour les entrepreneurs africains ainsi que les solutions qu’ils développent pour surmonter ces challenges.

À travers nos « Insights », nos documents d’analyse de la crise, notre objectif est de contribuer à un meilleur calibrage des politiques publiques de riposte à la dimension économique de cette dernière. Nous travaillons aussi à l’élaboration d’un répertoire des startups et entreprises africaines qui ont su développer très rapidement des solutions innovantes dans cette période de crise.

En vulgarisant ces solutions, notre objectif est double. À court terme, nous espérons inciter les gouvernements africains et bailleurs de fonds à se fournir localement en matériels et services et à soutenir, via leurs commandes, des économies durement touchées. À moyen terme, nous espérons que ces entreprises et solutions permettront l’émergence de champions africains dans des secteurs clés. 

Comment parvenez-vous à contacter les différents acteurs et entrepreneurs oeuvrant dans la lutte contre le Covid-19 en Afrique ? Comment  procédez-vous à la collecte de vos données ?

Au départ, la tâche nous est apparue dantesque, notamment parce que nous avons immédiatement choisi de couvrir l’ensemble du continent africain. Nous avons décidé de jouer des compétences et connaissances des membres de l’association. À titre d’exemple, chacune des régions du continent est représentée dans l’association. Cela aide en termes de contact.

Ensuite, nous fonctionnons résolument en mode agile et avons essayé plusieurs techniques d’approche. Primo, les réseaux sociaux. Cette pandémie a prouvé leur capacité de mobilisation pour fédérer les énergies. Au sein de l’association, nous avons fait le choix d’aller au plus simple en contactant les entrepreneurs directement sur des réseaux sociaux tels que LinkedIn ou Facebook, notamment. L’accueil est toujours favorable, dès que nous expliquons nos travaux sur la résilience des acteurs économiques africains face à la crise. Nous demandons aussi aux entrepreneurs avec lesquels nous rentrons en contact de nous partager leurs carnets d’adresses. Ce qu’ils font avec plaisir la plupart du temps. Cette recherche par capillarité s’est doublée d’une mobilisation des réseaux personnels et de celui des alumni de Sciences Po mais aussi de recherches institutionnelles et dans la presse. Depuis cet été, nous développons des contacts et projets avec des chambres de commerces locales, notamment celle de Côte d’Ivoire. Ces prises de contact nous permettent d’alimenter nos différentes activités. Nous invitons certains profils à participer à nos webinars. D’autres sont mobilisés pour étayer nos réflexions sur les stratégies de riposte contenues dans nos « Insights » papers. Au final, plusieurs contacts nous sont utiles pour alimenter notre base de données des solutions africaines. 

Disposez-vous d’un bilan chiffré de ce que représente le Covid aujourd’hui dans les pays africains ? 

Contrairement aux premiers scénarii un peu alarmistes qui annonçaient le pire pour les 1,3 milliards d’Africains, le Covid-19 semble jusqu’ici avoir relativement épargné l’Afrique par rapport aux autres continents. Avec près d’un million et demi de cas au 29 septembre 2020, le continent ne représentait que 4,4 % des cas recensés au niveau mondial. La mortalité est plus faible qu’ailleurs, avec 35 000 morts pour l’ensemble du continent. À titre de comparaison, la France et l’Espagne avaient malheureusement franchi à la même date la barre des 31 000 décès.

L’Afrique doit désormais gagner la bataille économique et sociale face à une crise sans précédent qui affecte ses principaux débouchés commerciaux, ralentit les investissements, alimente des chocs d’offre, grève la demande intérieure et freine le secteur touristique, qui est systémique pour beaucoup de pays africains. Du Caire au Cap, les hôtels sont vides et le secteur informel, le coussin amortisseur des économies africaines, a été très durement touché par les confinements, les mesures de distanciation sociale et l’impact de la crise sur les autres secteurs de l’économie.

Dans les pays de l’OCDE, les plans de soutien ont été massifs pour aider les entreprises et les salariés à faire face à la crise. En dépit de leur bonne volonté, les marges de manœuvre réduites des États africains limitent les possibilités de soutien aux entreprises et au secteur informel qui représente plus de 70 % de l’emploi dans de nombreux pays. Au final, selon les estimations du FMI et de la Banque Mondiale, la croissance africaine devrait s’établir entre -1,6% et -5,1% en 2020, contre 3,6% en 2019. 

Toutefois, le faible impact sanitaire de la crise sur le continent et l’absence de seconde vague pourraient permettre à l’activité de rebondir plus rapidement qu’ailleurs. Le secteur manufacturier africain semble avoir ainsi largement tiré son épingle du jeu en profitant du ralentissement des importations lié à la crise. Dans les mois à venir, la combinaison de ce profil sanitaire atypique et la profondeur du marché africain pourrait accélérer l’arrivée de nouveaux investissements et les dynamiques économiques locales. Les perspectives pourraient être encore plus fortes si les États s’orientent vers des stratégies post-Covid ambitieuses.

Dans quels pays le virus est le plus maitrisé ? Comment expliquer cela ? 

D’après les données épidémiologiques de l’African Centre for Disease Control, la propagation du virus est très concentrée en Afrique. Trois pays - Afrique du Sud, Maroc et Egypte - totalisent plus de la moitié des cas et le top 5 des pays africains les affectés regroupaient plus d’un million de cas, soit deux tiers des personnes infectées au 29 septembre 2020. Les pays à forte prévalence semblent se caractériser par une part plus élevée des seniors dans la population par rapport à la moyenne africaine et des comportements sociologiques distincts. Le facteur le plus important à retenir demeure la dynamique baissière de l’épidémie qui est assez atypique par rapport aux autres continents. À titre d’exemple, le nombre de nouveaux cas enregistrés a été divisé par deux en l’espace d’un mois en Afrique subsaharienne. 

Plusieurs pistes sont explorées pour tenter de comprendre ce que l’on pourrait appeler « l’exception africaine ». Qu’il s’agisse de la fermeture rapide des frontières ou de la mise en œuvre de mesures barrières simples dont le port du masque, les mesures prises par les autorités ont contribué à ralentir la propagation de l’épidémie. La démographie pourrait aussi avoir joué en faveur du continent. Selon l’OMS, 91% des personnes infectées dans la zone Afrique ont moins de 60 ans et 80% des cas sont asymptomatiques, contre 40% en Europe. Au final, le climat, des niveaux de densité et de mobilité faibles mais aussi de possibles immunités développées pour d’autres maladies pourraient expliquer la faible mortalité du virus sur le continent. L’Afrique se trouve donc à la croisée des chemins. Elle bénéficie d’un bon bilan sanitaire face à la crise mais doit pas relâcher ses efforts, en redoublant notamment ses capacités de test (93 tests pour 10 000 habitants en moyenne fin septembre, dans la zone Afrique de l’OMS).

Un marché, Kenya, le 22 avril 2020. Crédits : Banque mondiale / Sambrian Mbaabu

Avec qui et par quels moyens la crise sanitaire est-elle gérée aujourd’hui ? Comment s’articule l’action des gouvernements, des acteurs privés et des membres de la société civile africaine ?

La gestion directe de la crise a d’abord été top down, avec dès le départ une prise de conscience très rapide des risques associés à la crise par les institutions africaines (Union Africaine, CDC Africa, UNECA). Dans ce domaine, l’Afrique dispose d’une longue expérience, avec notamment les épisodes épidémiques Ebola. Les retours d’expérience ont donc servi et les États africains n’ont pas sous-estimé le danger. Ils ont été en première ligne pour prendre très rapidement des mesures draconiennes pour faire face à la crise. Des pays comme le Maroc ou l’Afrique du Sud, pour lesquels le tourisme est systémique, n’ont pas hésité à fermer rapidement leurs frontières. De nombreux pays africains les ont suivis, en mettant en place des confinements strictes et différentes mesures de distanciation sociale. 

Au vu de l’évolution favorable de la propagation dans de nombreux pays, les autorités publiques sont passées à une riposte graduée et modulent désormais les mesures au cas par cas, notamment pour laisser respirer les économies nationales. Malgré leurs maigres marges budgétaires, les pouvoirs publics ont aussi mis en œuvre des plans de riposte économique et sociale afin de préserver l’appareil économique et de protéger les populations les plus pauvres, avec notamment des mesures de gratuité de l’eau et de l’électricité. 

Les systèmes nationaux d’innovation africains se sont fortement mobilisés, là encore avec bien moins d’aides publiques que sur les autres continents pour faire face à la crise. En s’appuyant sur les nouvelles technologies et des savoir-faire locaux, les innovateurs et entrepreneurs africains ont déployé de nouvelles technologies allant de lasers anti-virus au Kenya à l’utilisation de drones volants pour sensibiliser aux gestes barrières au Cameroun. 

Il faut aussi saluer la participation de la société civile et du secteur privé à cet effort. Les communautés religieuses et les associations ont très largement relayé les règles de distanciation sociale. La générosité, tant individuelle que collective, a été mise à contribution pour aider les couches les plus défavorisées de la population à faire face à la crise. Si l’emploi a été préservé dans les pays de l’OCDE grâce aux dispositifs publics de chômage partiel, en Afrique ce sont les entreprises et acteurs informels qui ont porté l’essentiel du fardeau. Les entrepreneurs ont fait jouer, autant que possible, le principe de solidarité africaine en essayant de conserver leurs employés et en proposant des réductions de salaires. Pour ces acteurs, face à une crise sanitaire qui semble contenue, l’urgence est désormais de relancer la machine économique, à travers des programmes de commande publique ou alors des mesures à même de stimuler la confiance des acteurs privés. 

Dans votre répertoire, quels types de « solutions africaines » ont été recensées ? 

Notre répertoire recense essentiellement des initiatives du secteur privé et du secteur associatif. Elles sont portées par des startups, des entreprises et des universités africaines qui ont mobilisé leurs étudiants. C’est dans ce contexte que nous sommes rentrés en contact avec les étudiants de Polytechnique Dakar, qui ont conçu et fabriqué un gel hydro alcoolique et un robot assistant le personnel soignant. Géographiquement parlant, ces initiatives proviennent de l’ensemble du continent. 

Pour ce qui est des produits ou services, nous constatons une diversité incroyable dans ce qui est proposé. Cela va de la fabrication locale de gel hydro alcoolique et de masques lavables à l’adaptation de drones pour des missions de lutte contre la pandémie. Les innovations proposées par ces acteurs mêlent, pour la plupart, technologie et savoir-faire local. Elles sont aussi adaptées aux réalités locales et sont donc très différentes, d’un pays à un autre mais aussi d’une ville à une autre. 

Parmi elles, lesquelles sont les plus innovantes ? 

Il est assez difficile de hiérarchiser ou de classer le caractère innovant des solutions car elles s’adaptent aux besoins locaux. Et dans ce contexte de crise, toutes les bonnes volontés comptent. En revanche, il est vrai que certaines se démarquent par leur originalité et l’inventivité de leur conception. Nous pouvons, par exemple, mentionner la société Kenyane « Kijenzi », spécialisée en conception de produits 3D et qui a réorienté sa production au service des hôpitaux et du personnel soignant en produisant des visières et du matériel sanitaire.

Sur un volet plus numérique, nous pouvons mentionner « Telema », une association basée au Congo qui a développé une application mobile permettant aux utilisateurs de réaliser des tests d’autodiagnostic. Elle cartographie les foyers de contamination, facilite l’identification des chaînes de transmission et facilite le suivi et l’isolement des cas suspects. L’application participe, par ailleurs, à la traque des « fake news » en diffusant des informations générales sur la Covid-19. « HalteCovid » mérite aussi l’attention. Cette application fait la promotion des startups et entreprises qui offrent des services – notamment de livraisons à domicile – pour limiter les déplacements ou apprendre à vivre avec la pandémie. 

Ces solutions sont-elles déjà entrées en vigueur et appliquées ?  

Le contexte d’urgence sanitaire fait que la majorité des solutions sont déjà appliquées et ont servi à endiguer la propagation du virus à des échelles différentes. Certaines ont réussi à établir des partenariats avec les autorités publiques afin de gagner en visibilité et en traction. D’autres projets sont encore au stade de conception. 

Un vendeur et un acheteur de masques, Kenya, 22 avril 2020. Crédits : World Bank / Sambrian Mbaabu

Sur votre site internet vous proposez des solutions pratiques comme « Comment réaliser son masque de protection soi-même? » ou « Comment fabriquer du matériel de protection à la maison ? ». Comment concilier ces actions informelles et citoyennes et le respect des exigences sanitaires gouvernementales ? 

En effet, sur notre site, nous avons une section « Bonnes pratiques et distanciation sociale » qui propose des conseils en matière de distanciation sociale et de réalisation de masques et visières. La prévention, la sensibilisation, le respect du port du masque, le lavage des mains et la distanciation sociale ont été des stratégies qui ont permis aux États africains de freiner l’arrivée et la propagation incontrôlée du virus sur le continent. Quant aux différents tutoriels mis à disposition, ils sont le fruit d’initiatives portées par des initiatives citoyennes ou alors par des gouvernements ou institutions africaines. Dans tous les cas, les tutoriels s’appuient sur des normes et standards nationaux établis par les autorités (Afnor pour la France, CDC Africa,…). Tous les masques et dispositifs obéissent donc aux normes réglementaires. 

Comment se concrétise l’idée de « recherche interafricaine » ? 

L’Afrique dispose de fortes compétences en matière virologique car plusieurs pays du continent ont développé des compétences en matière de traitement par plasma dans le cadre des épidémies Ebola. Plus largement, les programmes de recherche panafricains foisonnent en réponse au coronavirus. Ils couvrent des sujets allant des aspects sanitaires de la crise à la compréhension de l’impact socio-économique de la pandémie et au calibrage des mesures de riposte.

Ces programmes panafricains permettent de mutualiser des moyens parfois limités, d'accélérer la recherche et de démultiplier les axes d’investigation. À titre d’illustration Smart Africa – une initiative d’accélération du développement économique via le numérique impulsée par les Présidents africains – a lancé un appel à projet panafricain autour de solutions digitales à même de contribuer à la lutte contre les différentes conséquentes de la pandémie. L’African Academy of Sciences, quant à elle, a développé plusieurs initiatives visant à fédérer les efforts de recherche multi sectoriels. 

La crise a eu un effet salutaire pour la recherche continentale en incitant les gouvernements à renforcer les capacités nationales de recherche face à la crise. Toutefois, et malgré le volontarisme des chercheurs africains, les limites de la recherche sur le continent n’ont pas été complètement effacées par l’urgence de la réponse à la pandémie. Des pans entiers de la recherche demeurent sous-financés et inhibent les recherches sur la compréhension sociologique des mécanismes de propagation du virus ou alors l’analyse des effets économiques et sociaux de la crise sur des secteurs vitaux. À moyen terme, l’Afrique aura besoin de savoir à même d’identifier et de faire fructifier les secteurs nécessaires pour asseoir sa résilience et son émergence.  

Comment envisagez-vous le développement futur de l’association ? 

Au cours des prochains mois, nous allons concentrer nos activités sur des actions à même d'aider les entreprises et acteurs économiques africains à surmonter cette crise. Cette dernière a souligné les nombreuses fragilités des économies africaines mais aussi de formidables résiliences et opportunités pour l’avenir. Plus qu’ailleurs, l’Afrique a souffert des ruptures des chaines logistiques mondiales mais aussi de sa dépendance dans des secteurs de base allant des réactifs médicaux à l’agroalimentaire. Nous réfléchissons donc à l’Afrique post-Covid-19. Nous pensons que sa résilience actuelle en fait un espace propice à l’apparition de plusieurs pays émergents. Nous planchons donc sur la structuration de filières propices au développement d’un riche tissu de PME mais aussi sur des politiques de croissance riches en emploi, des stratégies industrielles et d’innovation plus pragmatiques, une diplomatie économique plus ambitieuse et cela en privilégiant une gouvernance renforcée et des projets frugaux.