L'infiltré - "Make Jupiter great again"

L'infiltré - "Make Jupiter great again"

L'infiltré nous livre cette semaine un édito dans lequel il compare, avec humour, Emmanuel Macron à Jupiter. Et souligne ainsi la rupture avec le "président normal" que François Hollande avait promis d'incarner. 

Jupiter, ce n'est pas seulement un dieu, c'est le dieu des dieux, le maître de l'univers, de la terre et du ciel.

Depuis son élection, on a l'impression qu'Emmanuel Macron ne descend plus de son nuage et, à l'endroit de son peuple et des grands de ce monde, il multiplie les symboles, autant mythologiques qu'historiques.

Après son discours devant la Pyramide du Louvre le soir de son élection, la visite de Poutine à Versailles, à l'occasion de l'inauguration d'une exposition sur Pierre-le-Grand, a marqué les esprits. 

La parenté entre le tsar europhile, modernisateur de la Russie, et l'actuel maître du Kremlin ne nous avait pas semblé évidente mais qu'importe...

L'essentiel n'était pas là. Il s'agissait pour Emmanuel Macron de lui en mettre plein la vue, comme François Mitterrand l'avait fait lors de la réunion d'un G7 exceptionnel à Versailles en 1984.

Ébloui sans doute par le faste de l'accueil, Poutine ne sut que répondre lorsque Macron lui fit la leçon à propos des agences de presse russes, adeptes des fake news. 

À ce moment de l'histoire, il eut l'air plus que jamais d'un ancien du KGB qui vient d'avaler son parapluie. 

Autre rencontre au sommet, celle de notre Jupiter national avec l'agent immobilier le plus célèbre du monde. 

Donald Trump a beau être plus grand et plus fort que lui, il se souviendra longtemps de cette poignée de mains aux allures de bras de fer.

Quand Jupiter serre la main, il est doté d'une force herculéenne. 

On jurerait que, comme dans un cartoon de Walt Disney, Donald a gardé l'empreinte des cinq doigts de notre Président dans la chair de ses mains. 

Mais, Emmanuel Macron ne s'est pas contenté de faire au Président américain la démonstration de sa poigne de fer. 

Il n'a pas hésité, depuis l'Elysée et en anglais, à lui faire la leçon, suite à la décision de Donald Trump de se retirer de l'accord de Paris sur le climat.

C'était beau comme du Radio Londres quand il a exhorté ses "chers compatriotes et vous tous qui m'écoutez où que vous soyez dans le monde" à le rejoindre pour mettre en œuvre la transition énergétique. 

À travers ces démonstrations de force physiques ou linguistiques, c'est comme si le nouveau Président prenait un soin particulier à faire l'inverse de son prédécesseur.

“François Hollande voulait être un président normal. Emmanuel Macron préfère être jupiterien.”

François Hollande passait son temps à faire des confidences aux journalistes. Emmanuel Macron les maintient à distance.

François Hollande avait lâché ses ministres fautifs avant même toute procédure judiciaire, montrant à plusieurs reprises ainsi son sens de la fidélité.

Dans La Duchesse de Langeais, Balzac parle d'une "contraction jupitérienne des sourcils".

On imagine qu'Emmanuel Macron a dû les froncer en apprenant le montage immobilier de son ministre de la cohésion des territoires.

Pourtant, Emmanuel Macron continue à soutenir son ami Richard Ferrand, il s'affiche avec lui et refuse qu'il démissionne.

Le message est clair : on ne fera pas faire à Jupiter ce qu'il ne veut pas faire.

Comme si le président de la République française avait retrouvé une colonne vertébrale, une capacité de choix, un quant à soi. Il était temps.

Les candidats de La République en marche comptent bien en profiter et collent partout des affiches avec leur portrait à côté de celui de Jupiter. 

C'est d'ailleurs leur meilleur argument de campagne et, pour certains d'entre eux, le seul.

Les autres partis, tous au bord de l'implosion, cherchent désespérément à continuer d'exister dans cette campagne qui prend chaque jour l'allure d'un raz de marée électoral annoncé.

En effet, la barre des 12,5% des inscrits indispensable à franchir pour être au deuxième tour risque d'en éliminer plus d'un, qui se croyaient encore il y a quelques semaines des demi-dieux...

Reste un problème : comment photographier Jupiter ? On imagine que, là encore, Emmanuel Macron voudra faire différemment de ses prédécesseurs.

Un sceptre ? Un éclair dans la main ? Sur un trône de nuages ? En toge ? 

L'exercice de la photographie officielle risque de s'avérer délicat et, "en même temps" (gimmick de l'époque et du nouveau Président) amusant car, qu'on le veuille ou non, les dernières représentations de Jupiter datent un peu...

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