Philippe Martin, nouveau doyen de l'École d'affaires publiques : "La Prépa Talents est une spécificité de l'EAP, que l'on va agrandir et renforcer"

Philippe Martin, nouveau doyen de l'École d'affaires publiques : "La Prépa Talents est une spécificité de l'EAP, que l'on va agrandir et renforcer"

Depuis mars dernier, Philippe Martin exerce ses nouvelles fonctions de doyen de l’École d’affaires publiques (EAP). L’économiste a été nommé par Mathias Vicherat, à la suite des propositions de deux commissions de recherche. À la fois président délégué du Conseil d’analyse économique (CAE) et enseignant-chercheur, Philippe Martin Jouit d’une double casquette dont il compte bien se servir.

Par Selma Chougar

Philippe Martin. Crédits : Sciences Po

Comment votre parcours professionnel vous a-t-il conduit à ce rôle de doyen de l’EAP ? 

J’ai un parcours d’enseignant-chercheur au départ, mais j’ai aussi été économiste à la Réserve fédérale des États-Unis. Par la suite, j’ai effectué ma carrière en cabinet ministériel et je suis devenu président du Conseil d’analyse économique (CAE). Cela me permet d’avoir cette double casquette, à l’intersection entre l’universitaire et l’exécutif. Le lien entre les milieux académique et politique en France est moins fluide qu’aux États-Unis, par exemple. Je pense que je peux apporter un regard un peu plus constructif tout en essayant de casser cette séparation stricte entre ces deux univers.

Quels sont les défis auxquels font face aujourd’hui les affaires publiques et comment comptez-vous y répondre ?

Il y a à la fois une assez forte défiance de la part de nos concitoyens envers les institutions publiques, et en même temps, une très forte demande d’action publique. Ce double défi implique de former différemment les personnes qui vont travailler dans les affaires publiques. Il faut être davantage proche des préoccupations de nos concitoyens et être sur le terrain pour avoir une approche plus concrète. Je souhaite avancer sur trois axes majeurs : la transition écologique, la transition numérique ainsi que l’intégration européenne. Il s’agit d’infuser ces questions dans les cours. Je réfléchis à la pertinence d’ajouter un module ou une séance permettant de traiter les questions environnementales, numériques et européennes au regard des affaires publiques.

Nous avons parlé des défis, mais quelles sont les forces et les réussites de l’EAP qui doivent perdurer ?

Le laboratoire d’innovations publiques de l’EAP est une réussite dans sa capacité à confronter les étudiants à des cas réels après avoir eu une formation académique forte.

L’internationalisation de l’école est également une de nos forces. En proposant des enseignements en anglais, nous offrons aux étudiants français la possibilité de suivre des cours avec des étudiants étrangers, souvent un peu plus âgés et un peu plus expérimentés. Par ailleurs, les étudiants étrangers viennent aussi en France car il y a un véritable savoir-faire sur les affaires publiques. Concernant la dimension de l’égalité des chances, la Prépa Talents est une spécificité de l’EAP, que l’on va agrandir et renforcer pour que davantage d’étudiants puissent se préparer aux concours de l’administration. Nous ciblons des personnes qui ne sont pas celles que l’on voit habituellement dans la préparation aux concours.

“Je souhaite avancer sur trois axes majeurs : la transition écologique, la transition numérique ainsi que l’intégration européenne.”

La suppression de l’École nationale de l’administration et la création de l’Institut national des services publics vont-elles impacter les formations de l’EAP ?

Il est certain que la suppression de l’ENA et la création de l’INSP auront un impact sur l’EAP puisque l’un des objectifs de l’école est de préparer aux concours administratifs. Nous devons prendre en compte les transformations des parcours qui amènent à entrer dans la fonction publique, on opère donc un dialogue avec l’État et l’INSP. Toutefois, la vocation de nos deux masters est aussi d’être des formations professionnalisantes permettant aux étudiants d’entrer dans la fonction publique directement après leur diplôme, ou de rejoindre le secteur privé dans lequel se posent des questions d’affaires publiques. Au-delà de la préparation aux concours, il doit y avoir une certaine autonomie des deux masters et de leurs différentes spécialités. 

Cet article a été initialement publié dans le numéro 25 d’Émile magazine publié en juin 2022.



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