Ces Sciences Po engagés pour le développement durable

Ces Sciences Po engagés pour le développement durable

La nouvelle génération s’est emparée à bras-le-corps des enjeux écologiques. Émile dresse le portrait de jeunes diplômés de Sciences Po qui développent des activités innovantes à fort impact environnemental et social.

Par Anaïs Richard, Lucile Pascanet et Justine Le Rousseau


Crédits : Elisabetta Lamanuzzi

Crédits : Elisabetta Lamanuzzi

Aliénor Parmentier, la « green com » à la bretonne

À peine son diplôme en poche, Aliénor Parmentier fonde Impala, sa propre agence de communication spécialisée dans les projets innovants et durables ainsi que le conseil en RSE. Écologiste dans l’âme, la jeune femme choisit le master Politique environnementale de l’École des affaires internationales de Sciences Po, après une licence de droit à la Sorbonne. Son stage de fin d’études à La Colloc, plus grand espace de coworking de Bretagne, fait naître en elle un véritable goût pour l’entrepreneuriat. Autodidacte, elle y apprend la communication sur le tas. Basée sur la côte lorientaise, cette structure voit ses rangs gonfler de 10 à 100 collaborateurs lors des quelques mois qu’y passe Aliénor. Inspirée par le dynamisme et la liberté d’innovation de ces jeunes entrepreneurs, l’idée de monter sa propre entreprise germe peu à peu dans son esprit. Le 2 juin 2018, le lendemain de sa sortie de Sciences Po, à son tour de se lancer dans l’aventure ! Elle installe les quartiers de son agence de communication à La Colloc, choisissant d’ancrer son activité en Bretagne, un territoire qui « bouge beaucoup ». Habituée aux missions ponctuelles pour des clients comme le Low-Tech Lab ou un skipper souhaitant faire le Vendée Globe, Aliénor souhaite s’investir « de manière durable, dans un projet plus concret ». À 25 ans, elle participe à la création de Code Ø, un café mission « zéro déchet » fondé par Thaïs Cathelineau à Lorient. Bocaux consignés, produits en circuit court, projections de films, ateliers « zéro déchet » : ce lieu novateur se veut un véritable espace d’échange et d’initiation au développement durable. Il ouvrira ses portes au début de l’été.


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La market place éco-responsable CrushON dépoussière vos jupons de grand-mère

Révolutionner les manières de consommer la mode : tel est l’objectif affiché par crushonapp.com. Cette start-up est née d’une idée originale de trois jeunes issus de Sciences Po et de l’école de mode parisienne Mod’Art. En 2017, Camille, Maxime et Ilhem décident de combiner leurs forces pour propulser l’univers de la mode vers des horizons plus durables. Leurs études respectives les ont sensibilisés au caractère non viable de cette industrie, la deuxième plus polluante après les énergies fossiles avec 93 millions de tonnes de déchets générées chaque année ! Tous trois amateurs de vintage, ils se rendent compte que l’offre des friperies n’existe pas en ligne. Accompagnés par l’incubateur de Sciences Po, ils créent CrushON, une market place de vêtements vintage travaillant en collaboration avec des friperies et créateurs éco-responsables. Ces derniers « offrent une seconde vie aux vêtements de ville grâce au vintage et à l’upcycling ». La start-up organise aussi des évènements qui permettent aux friperies de « raconter l’histoire de leurs vêtements » autour d’un brunch et d’un DJ. Leur plateforme attire pour l’instant un public jeune, adepte du triangle vertueux du vintage : original, peu cher et responsable. L’équipe de CrushON a tout récemment pris ses quartiers à l’incubateur Paris & Co, spécialisé dans l’économie circulaire. Ses six collaborateurs travaillent activement à la réfection du site, pour continuer à agréger des clients tout en leur assurant un service fluide.


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Clara Duchalet redonne vie aux épluchures

Depuis toute petite, Clara Duchalet veut changer le monde. À 25 ans, c’est en donnant une seconde vie à nos déchets qu’elle apporte sa pierre à l’édifice. En 2018, elle a créé la start-up Vépluche qui récupère, à triporteur-cargo électrique, les biodéchets des restaurateurs de Boulogne-Billancourt pour les transformer en compost distribué aux agriculteurs de la région. Le compost ainsi créé permet ensuite de faire pousser de nouveaux légumes... qui alimenteront les restaurants. « Les légumes retournent à la terre, ce qui permet de créer une boucle vertueuse ! », s’enthousiasme Clara. Si la jeune femme s’épanouit aujourd’hui dans ce rôle d’entrepreneure écolo, ce n’est pas la voie qu’elle s’était tracée au départ. « Je suis entrée à Sciences Po pour devenir diplomate », confie-t-elle. C’est en assistant à un cours d’entrepreneuriat qu’elle découvre qu’il est possible de changer les choses sans passer par les grandes institutions : et si le « business » pouvait finalement avoir un impact positif ? Après un stage de fin d’études dans le milieu de l’entrepreneuriat social, elle décide de lancer Vépluche, mais craint de ne pas y arriver seule : elle tente HEC et échoue. Elle découvre alors le C40, le réseau des grandes villes qui luttent contre le réchauffement climatique, et leur programme de mentorat Women4Climate. Le projet de Clara est sélectionné. Trois semaines plus tard, elle rencontre celui qui deviendra son associé, Manuel Zebeida, entrepreneur à la tête d’un fonds d’investissement qui l’aidera à finaliser son projet. Cinq mois après la création de Vépluche, plus de 15 tonnes de biodéchets ont été récupérées et plusieurs tonnes de légumes livrées. La start-up s’oriente vers de nouveaux acteurs, comme les cantines scolaires et les particuliers. L’objectif ? Recycler toujours plus : « Sur une année, si on déploie 100 triporteurs dans la capitale, on peut remplacer 5 000 camions poubelles », souligne Clara. De belles perspectives de croissance.


EONEF, des ballons photovoltaïques à la hauteur

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Start-up innovante dans le domaine de l’aéronautique, EONEF conçoit des plateformes aériennes pour les acteurs humanitaires, sociaux et environnementaux. Cette entreprise sociale et solidaire a été créée par Julie Dautel et Cédric Tomissi. Julie a fait les Beaux-Arts du Mans avant d’entamer un master en design d’objet aux Arts Décoratifs de Paris. Elle y rencontre Cédric, cofondateur d’EONEF, avec qui elle partage de fortes convictions sociales et environnementales. En 2014, parallèlement à son passage par l’École du management et de l’innovation de Sciences Po, Julie lance Zéphyr Solar, rebaptisée EONEF en février 2019.

Avec Cédric, ils développent une plateforme aérienne autonome en énergie, qui prend la forme d’un ballon gonflé à l’hélium attaché au sol par un câble. Il est recouvert sur le dessus de panneaux solaires très légers qui lui permettent d’être autonome en énergie, et dispose d’un capteur de communication ou d’observation (une antenne ou une caméra). Ces plateformes sont notamment destinées aux ONG. « Elles ont besoin de sécuriser leurs communications, explique Julie. Dans les zones reculées, elles sont obligées de passer par des ondes satellitaires qui coûtent extrêmement cher. Du coup, on a eu l’idée de prendre de la hauteur pour installer les antennes et leur assurer des communications locales favorisant leur coordination. » Déployables rapidement et partout, les ballons d’EONEF sont taillés pour les acteurs de l’urgence. « Dès le début, on a souhaité que notre projet ait un fort engagement environnemental et social », affirme Julie. Les plateformes permettent aussi de suivre l’évolution de la biodiversité dans des zones très reculées grâce à des balises de position placées sur les animaux.

Pour le moment, l’équipe se concentre sur la commercialisation de son produit. Les prochaines étapes ? Réaliser les premiers déploiements, prévus à La Réunion et en Australie, pour y assurer le suivi de la faune sauvage et lever des fonds auprès d’investisseurs particuliers.

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