Carnets de campagne 2022 : Clémence Guetté l’insoumise qui monte, qui monte…

Carnets de campagne 2022 : Clémence Guetté l’insoumise qui monte, qui monte…

Immersion au sein de la campagne présidentielle. Émile vous emmène à la rencontre d’élèves et d’anciens de Sciences Po – jeunes militants, conseillers politiques ou élus de la République – engagés aux côtés des candidats à l’Élysée.

Par Louis Chahuneau et Maïna Marjany

Crédits : Stéphane Burlot.

Elle compte le nombre de jours qui la séparent de l’élection : « Là, on est à 81 jours du premier tour. » Derrière son calme olympien, Clémence Guetté, 30 ans, n’a qu’une chose en tête : convaincre les jeunes de voter pour son patron, Jean-Luc Mélenchon, le 10 avril prochain. Fin janvier, c’est elle qui a été choisie pour ferrailler avec les autres responsables de la jeunesse de droite et de gauche dans le débat « Élysée 2022. Place aux jeunes ! », sur LCI.

Après une enfance modeste dans les Deux-Sèvres (Nouvelle-Aquitaine), puis une double licence de lettres et de sciences politiques à l’Université de Poitiers obtenue avec la mention bien, cette fille d’une professeure d’anglais et d’un père au foyer intègre l’école doctorale de Sciences Po en master Science politique option Sociologie politique comparée. La jeune boursière, peu familière des codes de Saint-Germain-des-Prés, se nourrit notamment des cours de l’illustre politologue Nonna Mayer. En parallèle, elle multiplie les petits boulots pour payer son loyer.

«  Le discours sur l’éco-socialisme tenait une double exigence de justice sociale et d’écologie, deux piliers essentiels pour moi. »

Les études supérieures sont aussi l’occasion pour Clémence Guetté d’approcher les syndicats étudiants, elle qui n’a pas grandi dans une famille de militants. Après un bref passage à l’UNEF, où elle ne tient « que deux semaines », elle commence à militer au Parti de gauche. En 2015, elle rejoint le Mouvement pour la 6e République, qui deviendra bientôt La France Insoumise : « Je me suis engagée au Parti de gauche parce que je suivais la figure de Mélenchon (…). Le discours sur l’éco-socialisme tenait une double exigence de justice sociale et d’écologie, deux piliers essentiels pour moi », raconte celle qui doublera son master de Sciences Po d’un diplôme à AgroParisTech. 

Quand le leader de la France insoumise annonce sa candidature, en février 2016, Clémence Guetté devient rapidement salariée du mouvement : « J’étais une petite main du programme, à organiser les universités populaires et à faire le lien entre les associations et les représentants de Jean-Luc Mélenchon », explique-t-elle.

Son engagement lors de la campagne convainc Mélenchon qui la propulse, dès le mois de juillet 2017, secrétaire générale du groupe parlementaire de la France insoumise, composé de 17 députés. « J’étais de loin la plus jeune, se souvient-elle, c’était un défi, car c’est un poste auquel on accède habituellement plus tard (dans sa carrière). En même temps, cela correspondait à une façon différente de faire de la politique. »

Crédits : Stéphane Burlot.

En 2021, celle qui goûte peu à la médiatisation est projetée pour la première fois sur la scène électorale en étant investie tête de liste LFI en Nouvelle-Aquitaine pour les régionales. La jeune femme, qui n’est pas parvenue à se qualifier pour le second tour (5,67 %), évoque une « campagne difficile » du fait de la taille de la région, qui ne permettait pas une grande proximité avec les électeurs. Et explique le « résultat décevant » du mouvement notamment par un très faible taux de participation (36 % au premier tour). 

« C’est la lutte contre l’abstention qui va encore être la bataille centrale dans cette élection. »

Aujourd’hui responsable et porte-parole du programme de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle, elle compte sur la réforme des institutions, l’instauration d’une garantie d’autonomie de 1 063 euros net par mois pour les jeunes et les mesures écologiques réunies sous le concept de « la règle verte » (ne pas prélever plus de ressources que ce que la nature est capable de produire), pour convaincre les jeunes. Selon elle, tout l’enjeu de cette campagne repose sur le taux d’abstention : « On essaye de battre en brèche le dégoût de la politique. C’est la lutte contre l’abstention qui va encore être la bataille centrale dans cette élection. » Un enjeu démocratique, mais aussi politique, car c’est dans le vivier des abstentionnistes « que pourraient se trouver une partie de nos électeurs », nous glisse-t-elle. En 2017, un Français sur quatre n’avait pas voté au second tour de la présidentielle. Une tendance qui semble à la hausse en 2022, selon les sondages.

Cet article a initialement été publié dans le numéro 24 d’Émile, paru en mars 2022.



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