La MJC du Mans, un bastion qui résiste

La MJC du Mans, un bastion qui résiste

Dans un contexte compliqué pour les Maisons des jeunes et de la culture, certaines parviennent à tirer leur épingle du jeu. Budget conséquent, mixité sociale et activités variées : focus sur la MJC Jacques-Prévert, au Mans.

Par Ismaël El Bou-Cottereau, envoyé spécial au Mans

La MJC Jacques Prévert au Mans (Crédits : MJC Jacques Prévert)

Mercredi 10 mai, à 10h30, quand Émile se rend dans les locaux, les familles commencent à arriver. Rires des enfants qui attendent leur cours de chant, discussions entre parents, odeur des premiers cafés dans les couloirs. Nichée au cœur du vieux Mans, où a été tournée une partie des scènes de Cyrano de Bergerac, en 1990, la MJC Jacques-Prévert propose de multiples activités culturelles à ses 810 adhérents : atelier « terre et modelage », cours de batterie, de théâtre, de zumba. On trouve aussi un bouquet de différentes sortes de pratiques de yoga – yin, vinyasa, hatha –, de quoi faire pâlir d’envie certains Parisiens du canal-Saint-Martin. 

Une cinquantaine de personnes – salariés, stagiaires, services civiques – font tourner cette MJC, créée en 1959, en plein essor des « maisons de jeunesse » en France. Après avoir connu un redressement judiciaire entre 2005 et 2006, la MJC Jacques-Prévert a opéré une mue réussie. Elle a diversifié son offre socioculturelle, renouvelé l’exploitation du cinéma d’art et d’essai Les Cinéastes, et a été agréée « espace de vie sociale » par la CAF en 2015 pour favoriser la solidarité entre les résidents du quartier. « C’était une demande des habitants », explique Sam Falise, chargée de l’accueil et ancienne service civique à la MJC.  « Une grande majorité d’activités gratuites est proposée aux familles, enfants et seniors. Pendant les vacances scolaires, nous prévoyons un accueil des enfants, pour lequel les parents paient selon leur quotient familial. C’est un liant entre la MJC et les habitants. »

« Nous accueillons aussi bien des personnes qui ont des situations plutôt confortables, que des familles monoparentales, des personnes isolées socialement, veuves, ou en situation de handicap »
— Sam Falise, chargée de l’accueil et ancienne service civique à la MJC du Mans

Avec des adhérents provenant à la fois du cœur de ville et de quartiers prioritaires, au nord-est, la MJC Jacques-Prévert brasse des milieux sociaux assez divers. « Nous accueillons aussi bien des personnes qui ont des situations plutôt confortables, que des familles monoparentales, des personnes isolées socialement, veuves, ou en situation de handicap », ajoute Sam Falise. 

Dotée d’un budget d’un peu plus d’un million d’euros, la MJC bénéficie de l’aide de la ville du Mans, de la CAF, de l’État et d’appels à projets. Perfusée aux subventions publiques durant la crise sanitaire, la MJC a, depuis, retrouvé sa structure financière antérieure. En 2023, 57 % des fonds venaient des recettes propres issues des cotisations et des activités et 43 % des subventions.

Avec l’inflation, le personnel de la MJC observe que de plus en plus de personnes se tournent vers les activités gratuites ou s’inscrivent à un peu moins d’ateliers qu’avant. Mais c’est la difficulté croissante dans l’obtention des subventions qui inquiète la direction : « Les dossiers de subventions deviennent de plus en plus complexes et il est plus difficile de faire rentrer les actions dans les thèmes des appels à projets, car les critères s’affinent de plus en plus. Les aides des partenaires financiers sont également au cœur du sujet puisqu’au vu de la situation nationale actuelle, elles stagnent ou baissent. Tout ceci concerne nos partenaires financiers, excepté la municipalité, qui nous soutient de façon constante et s’adapte à nos besoins depuis le départ. » À défaut de peser dans les arcanes du PS, Stéphane Le Foll s’est retranché dans sa ville et rend souvent visite à l’équipe de la MJC. 


Cet article a été initialement publié dans le numéro 28 d’Émile, paru en juin 2023.


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