Localia : Anticiper les risques des collectivités locales avec l’IA
Face au dérèglement climatique et au désengagement des assureurs, Théo Canella (promo 20) propose aux collectivités locales, grâce à Localia, de prédire grâce à l’intelligence artificielle les risques auxquels elles pourront être confrontées, afin de mieux s’assurer.
Propos recueillis par Lisa Dossou
Quand vous est venue l’idée de créer une entreprise ?
Mes études à Sciences Po ont été motivées par une volonté forte d’avoir un impact dans le secteur public. Particulièrement intéressé par le domaine territorial, je suis allé sur le terrain, auprès de collectivités rurales. Même si j’ai beaucoup apprécié l’expérience, j’ai remarqué qu’une lenteur systémique entraîne une certaine réticence à l’innovation chez plusieurs acteurs du secteur public, ce qui freine du même coup l’action et le changement. L’entreprise m’est alors apparue comme une évidence.
Mais je ne me serais jamais lancé dans cette aventure seul. La rencontre avec mon associée Angélique Durand, qui a mené des projets de transformation digitale dans de grandes entreprises, m’a apporté les ressources nécessaires pour envisager sereinement la création d’une société. Ce qui manquait dans le secteur public, c’était une communauté de projets autour d’une idée et d’une innovation, ce que j’ai trouvé aujourd’hui avec les membres de mon équipe.
Quel est le concept de Localia ?
Localia développe un nouveau modèle d’assurance basé sur des technologies avancées de données et d’intelligence artificielle (IA). Nous trouvons des équilibres techniques en anticipant a priori les sinistres et leurs coûts.
Ce modèle repose sur des recherches approfondies en sciences économiques et en assurance et ne peut se concrétiser en service que grâce aux dernières avancées technologiques en termes de data et d’IA. C’est très adapté au secteur public local. Dans ce domaine, la majorité des données brutes nécessaires pour construire nos modèles prédictifs sont déjà accessibles en open data.
Comment accompagnez-vous les collectivités territoriales et les assureurs grâce à l’IA ?
Nous proposons deux services aux collectivités : des produits assurantiels innovants et un service de risk management [gestion des risques, NDLR] qui fournit des audits et des cartographies de risques pour aider les collectivités à mieux gérer les aléas selon nos modèles prédictifs.
“« Le secteur assurantiel n’a pas développé les outils nécessaires pour tout anticiper et les collectivités ont sous-estimé les risques auxquels elles sont exposées. »”
Cette seconde activité est réalisée grâce à des partenariats concrets avec des associations d’élus et des agences comme l’IGN [l’Institut national de l’information géographique et forestière, NDLR] ou le Cerema [Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, NDLR], qui sont très impliqués sur le sujet.
Pourquoi est-ce devenu si important aujourd’hui, face au dérèglement climatique et aux risques liés aux catastrophes naturelles ?
Le modèle traditionnel de l’assurance est en crise, surtout pour les territoires. Les risques sont variés : démographiques, climatiques, violences urbaines. Le secteur assurantiel n’a pas développé les outils nécessaires pour tout anticiper et les collectivités ont sous-estimé les risques auxquels elles sont exposées. Contrairement au secteur privé, le secteur public a démesurément considéré que l’assurance était accessoire.
Êtes-vous la toute première entreprise à proposer ce service en France ? Existe-t-il dans d’autres pays ?
L’assurance vit une réinvention technologique à plusieurs niveaux. Néanmoins, nous sommes pionniers dans le développement d’algorithmes pour les risques territoriaux et actuellement seuls sur ce marché.
“« Notre avenir se situe au-delà des frontières françaises : nous souhaitons proposer nos services aux gouvernements locaux européens, également touchés par la crise assurantielle »”
En Europe, l’open data est bien structurée et régulièrement alimentée, ce qui constitue un avantage notable dans l’analyse des risques. Cette innovation est donc particulièrement adaptée au continent européen.
Quelles sont vos ambitions pour la suite ?
Notre avenir se situe au-delà des frontières françaises : nous souhaitons proposer nos services aux gouvernements locaux européens, également touchés par la crise assurantielle. En particulier, le pourtour méditerranéen est très affecté par la crise climatique. Au-delà de l’Europe, nous envisageons également les États-Unis, où une forte crise assurantielle du secteur local se manifeste depuis quelque temps.