Inaya Khan, itinéraire d'une jeune docteure en histoire
Après avoir étudié à New Delhi et à Cambridge, Inaya Khan a obtenu son doctorat en histoire à Sciences Po. Elle nous raconte son parcours et ses recherches sur la colonisation britannique au Kenya.
Propos recueillis par Noé Michalon (promo 17)
Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique ?
Je suis diplômée d’un doctorat en histoire obtenu à Sciences Po. Avant cela, j’ai obtenu un master en histoire moderne européenne à l’université de Cambridge, et une licence au Lady Shri Ram College de l’université de Delhi. Après avoir obtenu mon doctorat, j’ai pris part à une étude sur « L’après-vie de la dépossession en Afrique et dans les Amériques » dans le cadre de la Migration Initiative de l’université Cornell, aux États-Unis. J’ai également mené un travail de recherche au Kenya pour un projet de livre, financé par le British Institute in Eastern Africa, l’Institut de Recherche Français en Afrique (IFRA) et Sciences Po.
Qu’est-ce qui vous a amenée à choisir Sciences Po pour votre doctorat ?
Mon intérêt pour les recherches sur la colonisation française de peuplement en Algérie m'a orienté vers la possibilité de réaliser une thèse en France, qui me permettait aussi de diversifier mon parcours académique. Mes amis et mes mentors m’ont recommandé Sciences Po en me décrivant l’école comme, non seulement un établissement prestigieux, mais qui permettait aussi de se concentrer exclusivement sur la recherche.
Le département d’histoire a soutenu ma candidature pour un fellowship Marie Skłodowska-Curie, que j’ai obtenu, ce qui m’a fortement incitée à commencer mes études à Sciences Po. Etudier dans cette école m’a aussi permis d’élargir ma perspective académique, grâce à ces programmes d’échange avec Cambridge et Columbia (via les bourses CamPo et Alliance, respectivement), qui m’ont énormément aidée dans mon parcours en tant qu’universitaire.
Sur quoi portent vos recherches actuelles ?
Je viens de terminer un article sur les relations géopolitiques anglo-kényanes pour l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI). Mes recherches portent plus particulièrement sur la décolonisation et la colonisation de peuplement, avec un accent mis sur l’usage post-colonial de la terre dans le Sud global, ce qui permet une meilleure compréhension des questions économiques et géopolitiques actuelles.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune doctorant, ou étudiant aspirant à réaliser une thèse ?
Le meilleur conseil que j’ai reçu était d’arrêter d’être perfectionniste. Une fois que tu réalises que tu fais de ton mieux, tu réalises que tu traverses une période vraiment unique de ta vie, et que tu as notamment le privilège de passer du temps sur un sujet qui te passionne.
“« Le meilleur conseil que j’ai reçu était d’arrêter d’être perfectionniste. »”
Et quelles sont tes aspirations désormais ?
En tant que Docteure, je souhaite avoir un impact positif sur les politiques publiques à travers ma recherche.
Quel futur imagines-tu que le monde académique aura dans nos sociétés ?
J’imagine un avenir où le monde universitaire n’est pas dans une tour d’ivoire, où des bourses sont plus accessibles, diverses et interdisciplinaires. Nous avons tendance à sous-estimer l’impact potentiel que la recherche peut avoir dans les humanités. Je pense qu’on a beaucoup à apprendre du domaine des sciences « dures » dans ce domaine. Nous avons aussi une grande responsabilité de diffuser les résultats de nos travaux le plus largement possible, en particulier dans un monde en proie à la désinformation et aux opinions polarisées.
“« Nous avons une grande responsabilité de diffuser les résultats de nos travaux le plus largement possible, en particulier dans un monde en proie à la désinformation et aux opinions polarisées. »”

