À la page : les éditions Points rééditent des classiques

À la page : les éditions Points rééditent des classiques

Début 2024, les éditions Points ont lancé leur nouvelle collection de classiques en poche. Ornée d’une gravure dorée, celle-ci a vocation à renouveler le rapport aux œuvres classiques, notamment auprès des jeunes générations, accusées de ne plus lire. Cécile Boyer-Runge (promo 84), directrice générale des éditions Points, nous la présente.

Propos recueillis par Lisa Dossou et Liséane Sabiani

Pourquoi rééditer des classiques aujourd’hui ?

L’idée est venue à l’issue d’une réflexion sur notre catalogue. En tant qu’éditeur généraliste, nous publions aussi bien de la littérature que des ouvrages de sciences humaines et sociales, en nous adressant à la fois au grand public et au monde universitaire. Mais justement, nous nous sommes rendu compte qu’il manquait quelque chose : ces grands textes classiques, capables de toucher plusieurs générations. Alors, avec mon équipe, nous nous sommes dit qu’il y avait une vraie opportunité : proposer ces œuvres-là, mais à notre manière. Et puis, il faut le dire, publier des textes entrés dans le domaine public, c’est aussi un choix stratégique. Ils sont libres de droits, donc on peut investir davantage dans l’objet lui-même, la fabrication, le design… Et surtout, nous avions envie de faire revivre ces textes avec fraîcheur, pour ce nouveau lectorat, le tout en format poche. C’était à la fois un manque à combler et un défi à relever.

Dans quelle mesure cette collection est-elle spéciale ?

Elle traduit d’abord l’envie de faire (re)découvrir les grands textes classiques, en s’adressant plutôt à un public jeune. Elle est spéciale aussi dans le soin apporté à chaque détail. Nous avons voulu que le livre soit un bel objet, qu’il attire l’œil, qu’il donne envie d’être lu. C’est passé par un choix très réfléchi de la couleur, du papier, des illustrations avec l’idée de créer ce que j’appelle un « esprit de famille » entre les ouvrages, tout en laissant une vraie liberté à la directrice artistique pour chaque titre. L’objectif, c’est qu’on puisse reconnaître la collection en un clin d’œil, que ce soit en librairie ou dans une bibliothèque, tout en ayant un sentiment de nouveauté à chaque couverture. Ce petit visuel qui raconte déjà quelque chose du texte agit comme un charme, avant même qu’on ait commencé à le lire. Le tout, à prix poche !

Comment sélectionnez-vous les titres ?

Le choix repose sur trois grands critères : d’abord, les données de vente des classiques, notamment ceux prescrits au collège et au lycée. Ensuite, l’actualité culturelle, comme les adaptations cinéma ou télé, qui relancent l’intérêt : ça a été flagrant avec Le Comte de Monte-Cristo. Quand on l’a lancé, on avait prévu 7 000 exemplaires sur l’année. Finalement, on en a vendu environ 60 000 !  Nous avons récemment publié Elle et lui, de George Sand, qui a fait l’objet d’une mini-série [sur France 2 en janvier dernier, NDLR], donc c’était l’occasion de remettre son œuvre à l’honneur. Enfin, nous mettons en avant nos coups de cœur éditoriaux, des textes qu’on a simplement eu envie de partager, comme Le Gardien du feu, d’Anatole Le Braz. 

De quelle manière ces œuvres peuvent-elles nous servir aujourd’hui ?

Cécile Boyer-Runge © François Bouchon/Figarophoto

Je pense que les grandes passions humaines sont éternelles, même à l’époque des portables et du digital. La vengeance, l’amour, l’argent… Ce sont des moteurs qui n’ont jamais cessé de jouer un rôle dans nos vies. Ces grandes passions humaines sont des motifs inépuisables d’inspiration. Je pense que les gens aujourd’hui ont envie qu’on leur raconte des grandes histoires, des épopées qui leur donnent l’envie de se retrouver dans des personnages, des époques, des héros et héroïnes. Je crois que, si on les amène bien, on peut facilement redonner goût à la lecture des classiques, qui sont après tout des œuvres intemporelles. C’est ce qu’ambitionne cette collection.

Avez-vous atteint le public que vous visiez ? 

Surtout les jeunes. Sur les réseaux sociaux comme Instagram ou TikTok, les retours sont hyper-positifs, avec beaucoup de commentaires et de partages. Au Salon du livre, c’était flagrant : notre stand a eu beaucoup de succès et la plupart des jeunes repartaient avec un de nos titres. Donc oui, nous avons vraiment le sentiment d’avoir touché ce public et ça, c’est très encourageant.


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