Gad Edery : "J’admire la capacité de l’homme à se dépasser"

Gad Edery : "J’admire la capacité de l’homme à se dépasser"

Ancien trader devenu galeriste, Gad Edery (promo 93) partage sa passion pour la photographie et l’astrophotographie, ainsi que son regard sur un marché en pleine évolution.

Propos recueillis par Alessandra Martinez

Sciences Po, la finance, une carrière de trader... Tout semblait tracé. À quel moment avez-vous décidé de changer de voie pour l’art, et pourquoi la photographie ?

J’ai toujours collectionné. À la fin de mes études, j’avais besoin d’un job qui me permettrait d’assouvir ma passion pour l’art. J’ai envoyé quelques CV et j’ai été embauché comme trader. Puis la crise de 2008 a tout balayé et je me suis fait virer en littéralement trois minutes... Je me suis dit alors que quitte à gagner beaucoup moins bien ma vie, autant faire quelque chose que j’aimais vraiment: partager ma passion pour l’art. Ouvrir une galerie était une évidence et le marché de la photographie permettait une approche démocratique. Je suis alors allé chercher les grands photographes, présents dans des grands musées et collections, qui n’avaient pas été dans la tourmente spéculative du marché de l’art. En septembre 2008, j’ouvrais donc la première galerie de photographies, en étage, à Paris : Gadcollection. Depuis, j’ai aussi créé museedelaphotographie.com, qui fournit des expositions clés en main aux collectivités et aux entreprises. Cela permet à ceux qui ne sont pas dans de grandes villes, ou qui se disent que l’art n’est pas pour eux, d’y avoir accès.

Entre numérique, NFT et IA, la frontière entre œuvre d’art et simple cliché s’amenuise. Comment abordez-vous ces changements ?

En photographie, la technologie fait partie intégrante du processus de création. Dans l’histoire de cet art, nous sommes passés successivement des daguerréotypes aux papiers salés puis albuminés, puis au tirage argentique, puis au numérique et maintenant à l’IA. Ce ne sont que des outils, derrière lesquels il y a la vision d’un artiste. Sans cet œil, point d’œuvre d’art. Le fait d’avoir entre les mains de la peinture et un pinceau ne fait pas de vous Picasso. De même que le fait de cliquer sur votre smartphone ne fera pas de vous un photographe.

« En photographie, la technologie fait partie intégrante du processus de création. »

Les cryptomonnaies ont quant à elles changé la donne. Une nouvelle sphère de consommateurs est apparue. Leur mode d’acquisition devient impulsif, instantané, avec des règles propres au monde du Web3. Dans cette optique, j’ai créé la première galerie en ligne au monde où les œuvres d’art physiques ne sont achetables qu’en cryptomonnaies : InGadWeTrust.Art.

Le Financial Times vous a cité comme référence pour l’astrophotographie spatiale. Qu’est-ce qui vous a fait développer cette spécialisation ?

Ça ne s’est pas fait tout seul. J’ai cette passion pour l’espace depuis l’enfance. J’ai commencé à acquérir des clichés auprès d’ingénieurs et de scientifiques de la NASA quand personne ne s’y intéressait. J’ai eu de la chance, le marché est allé dans mon sens et a reconnu l’importance scientifique et visuelle de ces extraordinaires clichés. Mais cette reconnaissance est le résultat de 15 ans de travail régulier, exposition après exposition. Je suis admiratif des capacités de l’homme à se dépasser. Avec la conquête spatiale, il s’est extrait, pour la première fois depuis le début de l’histoire de l’humanité, de sa condition d’être cloué au sol, et a pu voir la fragilité de son habitat dans l’univers.

Si vous pouviez envoyer une photo dans une capsule spatiale, laquelle choisiriez-vous?

Probablement celle de la Terre, The Blue Marble [La Bille bleue, NDLR], prise lors de la mission Apollo 17.



La conquête spatiale, entre science et fiction

La conquête spatiale, entre science et fiction

Manuel Catteau : “La science est un créneau porteur pour les documentaires”

Manuel Catteau : “La science est un créneau porteur pour les documentaires”